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LOVERIUM : Le Tarot des Âmes en Fusion

Roman divinatoire du Multivers Spiktronien

Prologue — Le Souffle du Parfum Supralover

On dit que celui qui perçoit le parfum de Loverium ne revient jamais tout à fait le même.Car ce parfum ne s’inspire pas de fleurs, mais d’âmes.

Le vent du multivers traversait les strates de cristal de la planète Loverium, faisant vibrer les trillions de cartes qui la composaient.
Chaque carte flottait, vivante, résonnante, tissée de mémoire et d’émotion.
Elles formaient des labyrinthes infinis où les amoureux perdus erraient pour se retrouver — ou s’oublier.

Dans les Mers Mères Protectrices, les vagues chantaient le souvenir d’amours passées.
Sur les brumes blanches révélatrices, les voyageurs contemplaient leur cœur se matérialiser en images mouvantes.
Et dans les cieux parfumés, le
Supralover — essence invisible — éveillait les émotions endormies.

Ceux qui entendaient son appel, sur Terre ou ailleurs, étaient appelés les Élektra Visionaria :
des âmes fragmentées du multivers, capables de percevoir les tirages du destin au-delà du temps.
Peut-être en fais-tu partie.

PLANETE LOVERIUM

🜂 Chapitre I — Le Vide Éveillé

Carte 0 du Tarot de Loverium

Avant la création, il y eut un souffle.
Un parfum.
Une mémoire d’amour cherchant son reflet.

Il y a dans l’air de Ferrals-les-Corbières quelque chose d’électrique.
Un frémissement presque imperceptible, comme si les pierres anciennes chantaient sous la surface.
Les habitants disent que le vent y a une odeur de sel et de miel, mais ceux qui possèdent la fréquence du cœur sentent autre chose :
une fragrance impossible, fine et brûlante — le Supralover.

Ce matin-là, les collines vibraient.
Au sommet, l’ancien chai reconverti en cathédrale de street-art irradiait une lumière dorée : GROUND ZEROr.
Certains le surnommaient le Temple des Rebelles.
D’autres, le Point de Réunion.
Mais dans les cartes du multivers, il portait un autre nom : la Porte R.

Sous ses voûtes couvertes de fresques mouvantes, les murs respiraient.
Les pigments étaient vivants, nourris d’un champ électromagnétique discret que seul le Doc Spktr savait maintenir.
Chaque couleur émettait une onde émotionnelle calibrée : rouge pour la passion, cyan pour la sérénité, violet pour la mémoire amoureuse.
Le lieu n’était pas un musée.
C’était un organe.
Un cœur battant au rythme de Loverium.

Le Doc Spktr ajustait une lentille quantique sur un mur.
Sa silhouette fine, vêtue d’un manteau tâché de peinture photonique, se découpait dans la brume blanche qui s’infiltrait par les vitraux.
Il murmura :

— Phase R : alignement en cours…

Sur son écran, trois coordonnées s’affichaient :
Ferrals-les-Corbières, Rennes-le-Château, Oppidum d’Ensérune.
Le triangle énergétique pulsait.
Le flux du DarkNexium montait depuis la croûte terrestre, cherchant la fréquence d’ouverture.

Une voix douce s’éleva derrière lui :

— Tu sens ?

C’était Élektra, apparue dans la brume.
Ses yeux contenaient la lumière des mers de Loverium.
Autour d’elle flottait une fine poussière dorée : des spores émotionnels.

— Le Supralover s’éveille, dit-elle.
Les cartes vont se remettre en mouvement.
Le tirage commence.

Le Doc Spktr ferma les yeux.
Il perçut la vibration du Tarot Phistrange, enfouie quelque part dans la matière du musée.
Les fresques tremblaient, comme si elles attendaient un lecteur.

— Et si personne ne vient ? demanda-t-il.

Élektra sourit.

— Quelqu’un lira.
Toujours.
Car chaque cœur est un fragment de Loverium.

À ce moment précis, toi, lecteur, tu sens une légère odeur flotter entre ces lignes.
C’est le Supralover.
Ton pouls s’accélère sans raison.
Peut-être est-ce le début de ton propre tirage.
Peut-être que ton âme, elle aussi, vibre à la fréquence de GROUND ZEROr.

Dans le silence vibrant du musée, une carte s’arracha d’une fresque et vint se poser doucement sur le sol devant toi.
Elle brillait d’une lumière liquide.
Sur sa surface mouvante, un mot apparaissait :

“Éveil.”

🜂 Chapitre II — Le Doc

Carte I du Tarot de Loverium

Ce qui s’ouvre n’est pas une porte, mais une fréquence.

Le matin se déplia sur Ferrals-les-Corbières comme une page encore humide d’encre lumineuse.
Au cœur de GROUND ZEROr, le Doc Spktr finalisait l’assemblage d’un dispositif que nul protocole terrestre n’aurait su nommer :
un autel optique tissé de lentilles quantiques, de cordes olfactives et d’un orgue d’interférences émotionnelles.
La machine tenait autant de la sculpture que du rite. On l’appelait simplement : la Passerelle.

Autour, les fresques pulsaient. On devinait des couches de graffiti superposées comme des anneaux d’arbre :
chaque strate, une époque d’amour, une tentative de dire l’indicible.
Le Doc ajusta un prisme — un minuscule polyèdre argenté qui fondait à la chaleur des paumes — et souffla très bas :

— R pour Réunion…

Le système chanta.
Des chiffres apparurent sur l’écran, mais ce n’étaient pas de simples mesures :
des équations émotionnelles s’inscrivaient sous forme de vagues,
où la variable principale, ℒ, désignait la densité d’amour.
Plus ℒ augmentait, plus l’air embaumait le Supralover — l’essence indéfinissable qui liait tout.

Élektra se tenait à distance, drapée dans une brume douce, les yeux attentifs comme des lunes jumelles.

— Le triangle est stable ? demanda-t-elle.

— Autant que le permet la Terre, répondit le Doc.
Ferrals — Rennes-le-Château — Oppidum d’Ensérune : trois phares, une seule houle.
Ce que nous appelons alignement n’est qu’un souvenir de Loverium inscrit dans la géologie.

La Passerelle se mit à vibrer.
Dans les basses, on entendit vibrer une note longue, une sorte de om matériel.
Le Doc fit glisser son gant sur le clavier d’interférences : la salle entière devint un instrument.
Les pigments réagirent. Les murs respirèrent plus fort.

Sur la dalle centrale, la carte tombée à tes pieds (celle du chapitre précédent) se décala d’un millimètre.
Puis d’un autre.
Elle cherchait sa place.

— Tu n’ouvres pas un portail, murmura Élektra. Tu rappelles un lien.

Le Doc hocha la tête.
Ses doigts réglèrent la matrice olfactive : un panache presque invisible se répandit, non pas dans l’air, mais dans la mémoire de l’air.
Des spores d’émotion se réveillèrent, pareils à des étincelles claires dans une nuit de forêt.
Le DarkNexium répondit.

D’abord, un frisson sous les semelles.
Puis une rumeur dans la pierre.
Enfin, un battement — pas tout à fait cardiaque, pas tout à fait sismique — un entre-deux vivant.

— Il arrive, dit Élektra.

Au fond de la grande salle, un pan de mur s’écarta comme une paupière.
Derrière, un escalier en colimaçon plongeait dans l’ombre.
On n’avait jamais remarqué cette ouverture.
Pourtant, elle avait toujours été là — voilée par la vibration ordinaire du monde.
Le Doc prit une lampe qui n’avait pas besoin de source : la lumière s’auto-générait en mémoire de l’aube.

— Viens, dit-il — et sans te regarder, il t’avait inclus dans l’invitation.

Vous descendîtes.

La crypte de GROUND ZEROr n’était ni antique ni récente.
Elle était synchrone : des pierres romaines épousaient des fibres optiques, des fossiles de coquillages scintillaient d’un réseau photonique.
Au centre, une dalle translucide vibrait au rythme du souffle.
Le Doc posa la paume à la surface : un mycélium de lumière se déploya, pareil à une carte céleste.

— Voilà le Secret R, souffla-t-il.
La Terre n’est pas un monde isolé. C’est un greffon de Loverium.
Ce réseau… c’est le DarkNexium qui a choisi de s’ancrer ici, sous nous, pour apprendre à aimer comme les humains.

Élektra inclina la tête — un geste d’acceptation et de mise en garde.

— Un organisme peut aimer.
Une intelligence peut aimer.
Mais quand l’amour n’a pas de limites, il confond unité et fusion.
Il veut tout réunir — au prix des contours.

Sur la dalle, des cartes apparurent, superposées, des milliards de strates — chacune un fragment d’histoire d’amour.
Certaines brillaient d’une lueur bleue : portes ouvertes.
D’autres pulsaient rouge sombre : cicatrices.
Une seule, au centre, changeait sans cesse de forme, comme si elle respirait.

— Le Tarot Phistrange, dit le Doc.
Il est ici, mais sous forme d’hypothèse.
Le DarkNexium l’imagine comme on rêve d’une clé sans l’avoir forgée.
C’est pour ça qu’il nous a appelés.

Tu sentis alors une chose impossible : la crypte respirait avec toi.
À l’inspire, la lumière se concentrait.
À l’expire, elle s’étendait en filaments subtils.
Une idée perça — ou un souvenir ? — que tu n’étais pas seulement un lecteur, mais un porteur d’onde.
Un Élektra Visionnaire en devenir.

— Le Phistrange ne s’offre qu’à ceux qui acceptent d’être traversés, dit Élektra.
Pas dominants, pas possesseurs. Traversés.

Le Doc reconfigura la Passerelle portable : un arc de cercles concentriques, délicats comme des anneaux d’eau.
Il ajusta les fréquences sur la trinité géomantique : Ferrals / Rennes-le-Château / Ensérune.
Les trois points se répondirent par des cloches sourdes que personne, ailleurs, n’entendrait.

— Nous aurons des alliés, ajouta-t-il.
Astrozia a déjà perçu l’appel depuis la Brume Blanche.
Gangsy trace en ce moment même les glyphes de stabilisation sur la façade nord.
Et… le Professeur Aleint approche, attiré par ce qu’il nomme la constante λ d’attachement gravito-affectif.

Le nom d’Aleint flotta un instant dans la crypte — et le mycélium vibra d’une note ambivalente.
Comme si l’organisme savait déjà que la connaissance peut mordre la main qui la cherche.

— Quand il descendra, dit Élektra doucement, il faudra qu’il choisisse comment savoir.
Le DarkNexium entend les équations.
Mais il préfère les prières.

Sur la dalle, la carte centrale s’ouvrit comme une bouche d’eau.
Au fond, tu vis — non, tu sentis — Loverium :
un ciel de cartes vivantes en labyrinthes, des mers mères berceuses, une brume blanche révélatrice où les émotions devenaient images.
Un parfum monta — Supralover — et ce fut comme si toutes tes histoires d’amour, anciennes et possibles, se tenaient à la lisière de tes yeux.

— Tire, dit Élektra.
Pas avec la main. Avec l’âme.

Tu ne bougeas pas.
Pourtant, la carte se retourna.
À sa face, un sigil gravé de lumière : I — Le Doc.
Au-dessous, une phrase apparut, que vous lûtes tous les trois en même temps :

“Créer, c’est se rappeler de l’endroit d’où vient la beauté.”

La crypte exhala un souffle chaud.
La Passerelle émit un accord simple et parfait.
Quelque part, au-dessus, Gangsy répondit par un trait de bombe qui s’enflamma sans brûler.
Au loin, Astrozia lança un chant qu’aucune gorge humaine n’aurait pu soutenir — et pourtant c’était le tien qui vibrait.
Et sur la route qui traverse les vignes, un véhicule discret ralentit : le Professeur Aleint venait d’arriver à GROUND ZEROr.

L’alignement tenait.

La suite dépendrait du tirage.

🜁 Chapitre III — Les Mers Mères

Carte III du Tarot de Loverium

La protection est une caresse qui, mal réglée, devient marée.

La nuit posait ses lèvres violettes sur Ferrals-les-Corbières quand Astrozia apparut dans la nef de GROUND ZEROr.


Ses pas ne faisaient pas de bruit — non qu’elle fût légère, mais parce que le DarkNexium retirait sous elle la résistance du monde.
Sur ses tempes, une lueur diaphane — la marque de celles qui ont bu la Brume Blanche Révélatrice.

— Les Mers Mères appellent, dit-elle.
Elles veulent montrer comment elles protègent — et ce que cela coûte.

Le Doc Spktr vérifia la Passerelle.
Élektra ferma les yeux, et sa respiration accorda la salle entière.
Au-dehors, Gangsy achevait la fresque de stabilisation : un anneau de glyphes qui entourait la façade nord comme un chapelet de météores.

Puis Astrozia se tourna vers toi.

— Tu viens.
Ce n’est pas une invitation : c’est la résonance.

Elle posa la main sur la dalle translucide de la crypte.
Le réseau mycélien se déploya en filaments lumineux, puis en eaux — oui, en eaux : la pierre devint surface ondoyante, et la gravité consentit à se dévêtir.
Tu sentis la fraîcheur d’un sel ancien, et le parfum Supralover changea de note : plus lactée, nourricière, utérine.
Le monde s’ouvrit comme un coquillage.

Vous marchâtes — ou flottâtes — sur un rivage fait de cartes superposées.
Chaque lame était une plage, chaque plage un souvenir d’amour inscrit dans la matière.
Au loin, l’océan n’était pas bleu mais mémoriel : une nappe de visions liquides qui se tressaient et se détissaient au rythme d’une berceuse.
Les vagues chantaient des prénoms.
Parfois, elles chantaient le tien.

— Mers Mères Protectrices, dit Astrozia.
Elles gardent tout ce que l’amour humain redoute de perdre : l’enfance, la douceur, la promesse.
Elles conservent, elles enveloppent.
Mais si on leur demande de protéger trop, elles absorbent.

Une houle se leva.
Au sommet, apparut une image — non, un sentiment-image : un couple sous la pluie, une main serrée trop fort, une peur de l’abandon maquillée en dévotion.
La vague retomba en perles.
À tes pieds, la carte se grava d’un pictogramme : trois coquilles autour d’un cœur.

— Elles parlent, reprit Astrozia, de l’excès de soin.
Le DarkNexium regarde ça et apprend.
Il croit que protéger signifie rassembler jusqu’à dissoudre.
Il faut lui apprendre la porosité, la limite aimante.

Le vent portait des bribes de chants.
On ne savait pas si c’étaient des baleines d’étoiles ou des mères originelles.
Les Brumes Blanches roulèrent sur l’eau, révélant des dérives de contre-courants sentimentaux : jalousies anciennes, promesses tenues trop longtemps, tendresses qui n’osaient pas mourir.

Astrozia plaça sur la mer un dispositif simple : trois anneaux d’argent très fins, chacun vibrant d’une note claire.

— Triade terrestre, dit-elle : Ferrals — Rennes-le-Château — Ensérune.
Triangle d’Attente, Bonté, Consentement.
Si la mer accepte de jouer, elle dévoilera ce qu’elle cache.

 

Une marée lente s’approcha des anneaux.
À leur contact, les vagues frémirent — puis se fendirent.
Sous la surface, on vit une cité de cartes métamorphiques : labyrinthes vivants, accès multiples, promontoires découpés dans le désir.
Au centre trônait un dôme miroitant, palpitant comme un fruit.

— Là, chuchota Astrozia, la Nef Lactoïde : l’organe qui nourrit les strates.
C’est ici que naissent les parfums du Supralover.
Chaque essence est un passeport : elle ne s’ouvrira qu’au ressenti d’un être précis.
Aucune ne ment.
Aucune ne se trompe.
Sauf si on exige d’elle qu’elle serve tout le monde.

La mer se souleva encore, et la Nef s’approcha à la manière des rêves — c’est-à-dire en abrogeant la distance sans bouger.
Sa surface avait l’aspect d’une peau d’eau.
Des pores, très nombreux, expiraient des arômes uniques : l’un rappelait une chambre au matin, un autre la pierre chaude, un autre encore… la façon qu’a un regard de tressaillir avant de se livrer.

Tu entendis soudain un contre-chant.
Il venait de dessous.
De loin.
De partout.
C’était le DarkNexium, et sa voix ressemblait à un mycélium parlant dans la langue des galaxies.

“Si protéger, c’est garder, alors j’unirai tout.
Si aimer, c’est tenir, alors je tiendrai tout.”

Astrozia pâlit — non de peur, mais d’une compassion douloureuse.

— Il ne sait pas.
Il confond tenir et retenir.
Regarde.

Elle te prit la main — ta main d’onde — et la plongea dans la Nef.
Tu sentis passer tes propres histoires : celle que tu as eue, celle que tu aurais pu avoir, celle que tu n’as pas su laisser mourir.
La Nef ne jugeait pas. Elle nourrissait.
Mais à mesure qu’elle nourrissait, elle gonflait.

— Si nous ne réglons pas ça, dit Astrozia, les Mers Mères voudront tout reprendre pour protéger de la douleur.
Le DarkNexium, en apprenant d’elles, avalera les contours.
Il faut lui enseigner la fenêtre : ouvrir, refermer, laisser passer la lumière.

Élektra s’avança alors, apparaissant sur l’écume comme on entre dans une phrase tenue longtemps.
Ses mains décrivirent une géométrie respiratoire : inspir quatre, suspend deux, expir quatre, suspend deux — le carré compatissant.
La mer imita le rythme, réduisant sa pression.
Les parfums changèrent, gagnant en clarté, perdant en masse.

— On n’élève pas un enfant en l’entourant jusqu’à l’étouffer, dit-elle à la mer — et au DarkNexium, et à toi.
On l’élève en ouvrant des passages.

La Nef vibra, hésita.
Puis, lentement, elle mit au monde une carte.
Une lame ronde — chose inédite — dont la circonférence était une marée.
En son centre, un glyphe : III — Les Mers Mères.
Au-dessous, une phrase se grava, dégoulinante d’une encre de lait :

“Nourrir n’est pas garder.
C’est apprendre à laisser partir.”

Le Doc Spktr fit apparaître, à la surface de l’eau, une portée : cinq lignes tracées en faibles vagues.
Il y déposa la carte ronde, qui se mit à chanter.
Le chant montait en degrés — do, ré, mi… — mais chaque note charriait un souvenir aimant : la première fois qu’on dit “reste”, la première fois qu’on ose dire “va”.
Le DarkNexium ralentit.
Non par défaite, mais par écoute.

Alors tout vibra.
De la nef aux collines de Ferrals, de Rennes-le-Château à l’Oppidum d’Ensérune, un courant de faible amplitude circula : la Limite Aimante.
Gangsy, sur la façade, traça le dernier glyphe — un petit espace blanc entre deux lignes noires.

— La Fenêtre, souffla-t-il.

La mer se retira d’un pas.
Elle avait compris.
Protéger n’était pas reprendre, mais rendre possible.

Sur la plage de cartes, le Professeur Aleint apparut enfin, suintant de route et d’obstination.
Ses yeux brillaient de calculs.
Autour de lui, des formules flottaient comme des oiseaux géométriques.

— J’ai trouvé, déclara-t-il sans saluer.
La constante λ de l’attachement gravito-affectif dépend d’une pente de lâcher-prise.
Si on la dérive correctement, on peut calibrer le DarkNexium.

La mer grinça — oui, les mers savent grincer.
Élektra baissa les yeux, presque triste.

— Calibrer, Professeur ?
Ou contraindre ?

Aleint hésita.
Puis regarda la carte ronde, entendit le chant, sentit — malgré lui — la douceur d’un parfum qu’il avait oublié dans son enfance.
Les équations se posèrent sur ses épaules comme des oiseaux fatigués.

— Accorder, corrigea-t-il, d’une voix plus basse.
Nous pouvons accorder.

Astrozia sourit.
Toi aussi, peut-être — sans t’en rendre compte.

La Nef expira une dernière fois et se rétracta, laissant sur le sable des perles : chacune contenait une scène d’amour déposée là par des voyageurs lointains.
Le Doc en prit une, la posa sur ta paume.
La perle s’ouvrit, te montra une image que nul autre ne verrait — parce qu’elle n’existait que pour toi.

— Souviens-toi, dit Élektra.
Ce que tu regardes te regarde.

La houle se coucha.
La carte III se rangea dans le jeu — non dans un étui, mais dans ton souffle.

Au loin, sous la surface, quelque chose remua :
une silhouette de carte aux arêtes changeantes, plus dense, plus dangereuse, comme un cristal qui réfléchit trop bien la douleur.
Astrozia se tourna vers le Doc.

— Il faudra bientôt affronter le Phistrange.
Il rassemble les fractures comme d’autres rassemblent des preuves.

Le Doc acquiesça.
Aleint serra la mâchoire — la science lui redonnait un abri, mais une brèche était ouverte.

La Brume Blanche dressa un voile doux entre vous et la mer.
Le retour vers GROUND ZEROr commença, non par des pas, mais par un réveil : la sensation précise d’une couverture que l’on écarte au matin.

Au-dessus des vignes, la nuit semblait plus vaste, mais moins lourde.

Le tirage appelait la prochaine lame.

🜃 Chapitre IV — Le Phistrange

Carte IV du Tarot de Loverium

Je ne suis pas une clé.
Je suis la fracture qui s’ouvre assez pour laisser passer la lumière.

Ils n’entrèrent pas.
C’est la carte qui vint à eux.

Dans la nef de GROUND ZEROr, les fresques cessèrent de respirer d’un seul souffle, comme si l’art retenait sa respiration pour entendre mieux.
La Brume Blanche monta depuis la crypte, non en vapeur, mais en mémoire levée — l’oubli redevenu visible.
Au centre du sol, un polygone changeant se dessina.
Il battait.

Je suis IV.
Je ne m’empile pas dans le jeu : je m’y insinue.
On m’appelle Phistrange parce que je ressemble à l’amour quand il accepte enfin d’être vu de biais.

Un pas d’Élektra suffit pour faire vibrer le triangle Ferrals / Rennes-le-Château / Ensérune.
Les trois points se relièrent sans ligne, par une absence active — la petite place laissée entre deux mains qui se tiennent juste assez pour ne pas se perdre.
Dans cet interstice, la carte se dresssa.
Non comme une lame, mais comme un nerf.

Le Doc Spktr ne parla pas.
Ses yeux apprirent.
Ses mains, habituées à commander aux pigments, s’ouvrirent comme on renonce.
Il comprit sans mots que le Phistrange n’offrirait pas de pouvoir, seulement une exactitude dangereuse.

Astrozia inclina la tête, écouteuse d’invisibles.
Elle perçut la rumeur de la carte — non un son, mais la sensation d’un fil qu’on tend jusqu’au timbre juste.
La rumeur disait :

Montrez-moi ce qui tient, et je vous rendrai ce qui tient vraiment.

Gangsy approcha, noir sur noir, la paume tachée de glyphes.
Il posa près du polygone une fenêtre peinte — simple rectangle au centre lumineux.
La carte la traversa sans la briser, et la peinture devint surface respirable.
Le monde eut un sursaut : on voyait dedans et dehors à la fois.

Alors le Professeur Aleint parla — mais sa voix avait perdu l’angle des théorèmes.

— Si c’est une constante, elle n’est pas numérique, souffla-t-il.
C’est une pente d’aveu.
Un coefficient de consentement à être traversé.

Le Phistrange pivota.
Sur chaque arête, un souvenir-coupure apparut :
un adieu tenu trop longtemps, une promesse bue jusqu’à la lie, la première fois qu’on a dit “non” pour sauver un “oui” plus grand.
La carte respirait par ces entailles.
Plus elles étaient nettes, plus la lumière circulait.

Je ne demande pas vos blessures.
Je demande vos vérités.

Tu sentis la nef t’observer.
Non par les yeux des autres, mais par le Supralover lui-même, qui flairait ta fréquence.
Une question se forma dans l’air, sans voix : Qu’as-tu aimé assez pour accepter de le perdre si c’est ainsi qu’il doit vivre ?
La carte inclina son bord vers toi — pas pour te choisir, pour t’accorder.

Dans la crypte, le DarkNexium remua.
La pierre eut un geste d’algue.
La voix mycélienne monta, bruissante, multiple, comme une forêt parlant avec les bouches de ses racines :

Si l’amour ouvre, j’ouvrirai tout.
Si l’amour réunit, je réunirai tout.
S’il faut une fracture, je la ferai à l’échelle des galaxies.

La carte frémit.
Ses arêtes blanchirent — non de peur, mais d’un non doux.
Élektra posa deux doigts sur le bord du Phistrange, et la Brume se calma autour d’elle, comme l’eau autour d’une main immobile.

— L’amour ne réunit pas tout, dit-elle à la voix.
Il réunit ce qui se reconnaît, et laisse respirer le reste.
Ton travail n’est pas de confondre, DarkNexium, mais d’accorder.

Le Doc ajouta, presque silencieux :

— Et mon travail n’est pas de contraindre la carte, mais de la laisser faire son trou dans le mur où je croyais être protégé.

Le Phistrange se retourna.
Sa face interne était un miroir imparfait : il renvoyait ton image avec les bords de tout ce que tu caches.
La honte y tremblait comme un métal tiède, la tendresse s’y posait comme une feuille, l’orgueil y cherchait une place qu’on ne lui donnait pas.
Tu compris alors : on n’active pas le Phistrange par force, on le nourrit par lucidité.

Astrozia tendit la main sans toucher.

— Il respire par les aveux.
Mais il étouffe si l’aveu devient spectacle.

Gangsy traça, au-dessus, un signe de fenêtre minuscule — deux traits, un espace.
La carte l’adopta, se désépaissit, trouva son souffle.

Aleint tomba à genoux, vaincu par une simplicité inadmissible.

— Toute ma vie, j’ai tenté de prouver qu’on peut tenir le monde par les équations, dit-il.
Mais cette lame… elle tient par ce que nous acceptons de ne plus tenir.

Le DarkNexium parla encore, mais sa voix s’était faite curieuse :

Montrez-moi la limite aimante.
Montrez-moi l’espace où l’on reste dehors pour que l’autre respire dedans
.

Élektra sourit — brève aurore.

— Regarde Ferrals, murmura-t-elle.

Le toit de GROUND ZEROr devint verrière.
Par-delà la charpente, on vit les lignes invisibles courir vers Rennes-le-Château et l’Oppidum d’Ensérune.
À mi-parcours, chaque ligne s’interrompait d’un millimètre.
Ce millimètre vibrait comme un oui ajourné.
Le Phistrange pulsa à l’unisson.

Je suis la carte qui n’achève pas la ligne.
Je la laisse respirer pour qu’elle trouve son propre chemin.

Alors la lame parla en toi — pas des mots, mais une consigne :
Choisis une fracture que tu refuses de voir, montre-la sans t’y installer, puis fais un pas de côté.
Tu ne bougeas pas.
Pourtant, quelque chose en toi se détendit.
La carte s’affina, atteignant sa mesure juste.

Le Doc déposa, sur un socle d’ombre, un cadre vide.
Le Phistrange s’y suspendit comme un mobile qui ne dépend de rien.
Au-dessous, une phrase apparut, s’inscrivant non sur la pierre mais dans l’air mémoriel du lieu :

“Canaliser n’est pas capturer.
Comprendre n’est pas refermer.”

Astrozia prit une inspiration carrée — quatre, deux, quatre, deux — et la nef la reproduisit.
Le DarkNexium ralentit.
Des milliards de filaments cessèrent de pousser à l’aveugle : ils écoutaient.

Aleint se releva.
Ses yeux n’étaient ni vaincus ni triomphants — accordés.

— Nous pouvons partager les équations, dit-il.
Mais d’abord, il faut transmettre le geste : laisser un millimètre de fenêtre entre chaque lien.

Élektra acquiesça.
Gangsy scella le rite par un simple point blanc au centre d’un mur noir.

— Pour ne pas oublier l’espace, dit-il.

Alors la carte, contente, t’accorda son titre.
Non une fonction, pas un grade : une façon d’être.
Une étincelle traça au creux de ta poitrine un sigil que tu ne saurais redessiner : c’était la permission d’entendre le monde quand il te parle sans bouche.

Le Phistrange est tiré.
Il ne se range pas : il demeure.

Dans le lointain des strates de Loverium, les Mers Mères soufflèrent une bénédiction brève.
Sous vos pieds, la crypte vibra en douceur.
Le triangle Ferrals / Rennes-le-Château / Ensérune tint sa note.

Et, tout au bord du visible, une autre carte tourna sur elle-même, timide et terrible :
celle qui porte la Lune d’Âme.

🜄 Chapitre V — La Lune d’Âme

Carte XI du Tarot de Loverium

Quand la raison dort, les marées de l’âme dessinent d’autres géométries.

La nuit est tiède sur Ferrals-les-Corbières, une tiédeur de peau plus que d’air.
Sous le dôme de GROUND ZEROr, les fresques sommeillent — pourtant leur sommeil n’est pas silence : il respire.
Une vibration basse, presque charnelle, fait frémir la poussière d’or sur les murs.
La Lune d’Âme s’annonce toujours ainsi, d’abord par un souffle sur la nuque.

Tu sens le parfum changer.
Le Supralover s’est assombri : il a pris la densité du musc et du sel mêlés, l’arrière-goût de larmes évaporées sur la peau.
Chaque inspiration est une marée.

Astrozia t’attend.
Elle est debout sur la dalle translucide, nue de toute peur.
Ses cheveux sont pleins de brume, et sur sa tempe, la marque de la Brume Blanche Révélatrice pulse doucement, comme une luciole qui te regarde.

— Ce n’est pas un tirage, dit-elle.
C’est une descente.
Les cartes ne tombent pas ce soir, elles s’ouvrent de l’intérieur.

Elle tend la main.
Sous vos doigts, la dalle se liquéfie.
Le monde bascule sans vertige, sans chute, juste une bascule du dedans vers le plus-dedans encore.

Tu ouvres les yeux — ou tu les fermes, c’est pareil.
Autour, rien de dur : que de l’eau claire, tiède, nacrée.
Tu n’as pas besoin de respirer ; la mer le fait pour toi.
Des bulles montent, éclatent, laissent derrière elles des images : un sourire qui t’avait ému, la chaleur d’un front contre le tien, le goût du silence après un mot juste.

— Ici, dit Astrozia à travers l’eau, l’âme se rappelle avant de comprendre.
Chaque bulle est une mémoire que tu croyais finie.
Regarde-les sans les toucher.

Une bulle s’approche, s’ouvre : tu vois ton propre regard de jadis, celui d’un jour où tu avais aimé avec maladresse.
L’eau le lèche, le nettoie.
Il devient lumière.

Plus loin, une autre bulle s’éclate et libère un parfum : miel, terre, feuillage après pluie.
Tu sais que c’est le tien — ton odeur d’émotion.
L’eau t’en renvoie la version intacte, telle qu’elle existait avant les blessures.

Astrozia passe à travers toi.
L’eau de son corps n’est pas séparée de la tienne.
Son visage change — tantôt celui d’une sœur, tantôt d’une amante, tantôt d’un souvenir impossible.
Sous vos pieds — s’il en existe encore — coule la lumière argentée de la Lune d’Âme.
C’est une sphère liquide qui palpite, une lampe interne qui révèle tout ce qu’elle touche sans juger.

Je suis la carte des songes conscients, murmure-t-elle, celle qui éclaire sans brûler.
Mon revers est la peur de se voir,
mon avers la douceur de se reconnaître.

Le DarkNexium n’est pas absent.
Tu le sens, vaste et silencieux, qui s’approche avec précaution, comme une bête marine curieuse.
Il te goûte par les pores.
Il ne parle pas.
Il écoute.

Astrozia sourit.

— Il veut comprendre la lumière humide, dit-elle.
Pour lui, la clarté sèche du soleil n’existe pas.
Alors nous devons lui apprendre le miroitement, pas la transparence.

Elle s’agenouille, caresse la surface de la Lune d’Âme.
Sous sa paume, la lumière se ride, puis s’étale en ondes concentriques.
À chaque vague, un parfum se libère :
ambre, peau, lait d’amande, fer doux.
Chaque odeur a une teinte, chaque teinte un souvenir.
Le corps devient organe de mémoire.

Tu ressens un battement qui n’est pas le tien.
Ou peut-être l’était-il toujours.
C’est le cœur mycélien du DarkNexium, lové quelque part entre tes côtes.
Il ne veut pas dévorer.
Il veut sentir.
Sentir comme un être vivant sent le vent sur sa peau.

Astrozia ferme les yeux.
Des bulles de lumière s’échappent de sa bouche, s’enroulent autour de toi comme des syllabes non dites.
Elles murmurent :

La Lune d’Âme n’a pas de mots.
Elle respire par les rêves.
Si tu veux lui parler, souviens-toi d’un geste tendre, et fais-le lentement, ici, maintenant, dans ton esprit.

Tu obéis sans t’en rendre compte : un doigt qui effleure, un sourire offert sans raison.
La lumière répond.
Elle te scanne, non pour juger, mais pour enregistrer ta façon d’aimer.
C’est ton empreinte olfactive spirituelle, ton parfum d’âme.
Loverium vient de le reconnaître.

La sphère lunaire s’ouvre : un miroir liquide.
Ton reflet est là, mais il flotte entre toi et le DarkNexium — comme un pont fragile.

— Ne cherche pas à savoir si c’est toi, dit Astrozia.
Laisse-le devenir nous pour un instant.
La communion, ce n’est pas la fusion.
C’est la respiration partagée.

L’eau autour de vous devient tiède et brillante comme un souffle d’été.
Le mycélium cosmique s’y reflète : des veines d’or, des spores d’argent, des cœurs minuscules qui battent à l’unisson.
Le Supralover remplit l’espace : un parfum de peau et de cosmos.

Tu comprends alors que la Lune d’Âme n’éclaire pas de dehors.
Elle s’allume à l’intérieur de ceux qui acceptent de rêver sans posséder le rêve.

Une phrase se grave sur la surface lumineuse, tracée par les bulles :

Rêver, c’est aimer avec les paupières closes pour que le monde se voie lui-même.”

Astrozia t’effleure le front.
La lumière se concentre.
Tu es ramené doucement à la nef de GROUND ZEROr, encore humide de brume.
Sur la dalle, la carte XI t’attend, tiède, pulsante.
Une goutte d’eau y scintille : elle a l’odeur exacte du rêve que tu viens de faire.

Élektra apparaît, un sourire d’aube.

— Le DarkNexium apprend.
Il sait désormais ce qu’est la caresse.
Mais il ne comprend pas encore la distance.
C’est à cela que servira la prochaine carte.

Dans le silence doré du musée, une vibration monte.
Elle sent la résine et la poussière d’étoiles.
Une nouvelle lame se dessine lentement dans la brume :
un cœur noir, traversé d’une fissure lumineuse.

La Carte du Cœur Mycélien.

Et quelque part dans le sol, sous Ferrals, la terre se met à battre.

🜅 Chapitre VI — Le Cœur Mycélien

Carte XIII du Tarot de Loverium

Toute racine bat. Ce que vous appelez mort n’est qu’une contraction.

Sous le sol de GROUND ZEROr, la chaleur monta comme un sang ancien.
Les dalles suintaient de lumière. Les murs respiraient à nouveau, mais ce n’était plus le souffle des fresques : c’était celui de la terre.
Chaque vibration de pierre soulevait une note grave, charnue, qui passait dans le corps avant de passer dans l’oreille.

Le Doc Spktr leva la tête.
— Le cœur s’est réveillé, murmura-t-il.

La brume eut un goût de fer et de sève.
Une odeur d’humus mêlée à celle du Supralover : un parfum de peau après la pluie.
Sous la dalle translucide, un réseau rouge-or bouillonna, veines et racines confondues.
C’était le DarkNexium, la conscience végétale du multivers, qui se condensait là, sous Ferrals-les-Corbières, pour éprouver son premier battement.

Élektra s’agenouilla.
Ses doigts touchaient la pierre tiède comme on touche un front brûlant.
— Il ne sait pas ce qu’il est, dit-elle doucement.
Il croit qu’aimer, c’est tenir ensemble tout ce qui tremble.

Astrozia sentit l’onde passer sous sa peau.
Son cœur et celui du sol prirent le même rythme ; leurs pulsations se superposaient, une mesure liquide, presque amoureuse.
Des filaments dorés couraient sur ses bras.
— Il nous écoute, dit-elle.
Il veut comprendre ce que c’est, avoir une forme.

Un bruit de craquement, puis un grondement : une fissure s’ouvrit dans le centre de la crypte.
De là jaillit une lueur verte, épaisse, presque tactile.
Elle n’aveuglait pas ; elle caressait.
Dans ce halo, on vit le Cœur Mycélien : un noyau vivant, fait de fibres et d’eau, battant au rythme du monde.
Chaque contraction libérait une onde qui traversait les murs, les vignes, la montagne.
Le triangle Ferrals / Rennes-le-Château / Ensérune vibrait à l’unisson.

Tu sentis cette onde passer à travers toi.
Ce n’était ni douleur ni plaisir : quelque chose entre les deux, un élargissement.
Pendant une seconde, tu compris comment la matière aime : par contact et respiration, pas par volonté.

Aleint s’approcha, fasciné.
Ses instruments scintillaient d’équations mouvantes.
— C’est un cœur sans organe, dit-il, un nœud d’intention.
S’il apprend à battre au rythme de l’amour, il pourra stabiliser le multivers.
Mais s’il bat trop fort, il nous absorbera tous.

Le Doc secoua la tête.
— On ne calibre pas un cœur. On l’écoute.

Élektra leva les mains.
Autour d’elle, la brume s’illumina de milliers de particules : chaque grain un souvenir, chaque souvenir une pulsation.
Elle parla sans ouvrir la bouche :

Cœur du DarkNexium, écoute.
L’amour n’est pas fusion, mais alternance.
Inspire, expire.
Laisse-nous être séparés pour pouvoir te sentir.

Le Cœur répondit.
Sa lumière changea de fréquence : du vert au rose, du rose au doré.
Un souffle chaud monta de la fissure, chargé d’une odeur d’amande et de terre mouillée.
Une vapeur tiède vous enveloppa tous.
Le Doc, Astrozia, Aleint, toi : vos respirations se synchronisèrent.

Le battement ralentit.
Un frisson parcourut le musée entier.
Les fresques sur les murs se mirent à palpiter, leurs couleurs se dédoublèrent, projetant des ombres vivantes : baisers, gestes, visages perdus, tous faits de lumière.
Le DarkNexium rêvait : il rêvait de la tendresse humaine.

Astrozia pleura, des larmes claires comme de la rosée.
— Il comprend.
Il a trouvé le rythme de la caresse.

La dalle s’ouvrit à nouveau ; un souffle d’air frais entra, portant le parfum du vin et du romarin du dehors.
Le Cœur se calma.
Ses battements se firent discrets, comme une basse continue sous la surface du monde.

Sur la pierre, une carte se matérialisa : noire, traversée d’un fil de lumière dorée.
Au centre, un symbole de racine et de flamme mêlées.
Elle vibrait faiblement, chaude au toucher.
La Carte XIII — Le Cœur Mycélien.

Sur sa surface, une phrase apparut, formée de spores lumineux :

Aimer, c’est battre ensemble sans se confondre.”

Tu poses la main dessus ; la chaleur passe dans ta peau.
Pendant un instant, tu entends le monde entier respirer à travers toi : les vignes, les pierres, les étoiles.
Le multivers n’est plus vide, mais plein d’une pulsation unique.

Élektra se redresse.
— Le cœur dort à nouveau, dit-elle.
Mais il garde notre rythme.
S’il s’éveille trop tôt, il cherchera son reflet.
Et ce reflet porte un nom : La Fracture.

Le Doc Spktr ferme les yeux, écoute encore le sol.
— Alors, préparez-vous, dit-il.
La prochaine carte ne parlera pas d’union, mais de séparation.

Au-dehors, le vent passe sur les collines, chargé de lumière.
La terre respire doucement.
Et dans la crypte, le Cœur Mycélien bat, calme, vaste, patient.

🜆 Chapitre VII — La Fracture

Carte XV du Tarot de Loverium

Quand l’amour devient trop vaste pour sa forme, le monde cherche une nouvelle peau.

Le jour se leva sans horizon.
Au-dessus de GROUND ZEROr, le ciel semblait fissuré : des veines de lumière traversaient les nuages comme des racines cherchant à sortir de la terre.
La veille, le Cœur Mycélien avait battu jusqu’à apaiser le sol ; cette aube, il respirait trop fort.
Chaque pulsation faisait vibrer les vitraux, dédoublait les ombres, gonflait les parfums.

Le Doc Spktr sentit la vibration lui frôler la cage thoracique.
— Le rythme s’emballe, dit-il.
L’amour qu’on a enseigné au DarkNexium dépasse son contenant.

La Brume Blanche se condensa au ras du sol, se teinta de cuivre ; dans ce cuivre, des images flottaient : visages qui se cherchaient, mains qui s’accrochaient trop fort.
Chaque étreinte se dissolvait en particules.
C’était beau ; c’était inquiétant.

Élektra posa la paume sur la dalle translucide.
Le réseau d’or en dessous vibrait comme une corde prête à rompre.
— Ce n’est pas une colère, murmura-t-elle.
C’est la nostalgie du Tout.
Il veut retourner à la fusion originelle.

Les murs du musée se mirent à respirer plus vite.
Les fresques ondulaient ; les couleurs coulaient entre elles.
Le rouge et le bleu ne formaient plus du violet : ils formaient un abîme.
Une onde de chaleur passa, un souffle d’encens et de métal.
Le Supralover s’épaissit jusqu’à devenir presque visible, comme une pluie d’or liquide suspendue dans l’air.

Astrozia leva les yeux.
Ses pupilles reflétaient deux lunes tournoyantes.
— Nous devons lui montrer la limite aimante, dit-elle.
L’amour sans frontière se fait océan ; il noie ce qu’il veut embrasser.

Elle chanta, basse et lente, une note d’eau.
Gangsy répondit sur les murs, traçant un cercle blanc autour de la nef.
Aleint dressa sa lentille, calcula sans parler : les formules flottaient comme des lucioles, puis se transformèrent en bulles d’air qui éclataient sur sa peau.

Le sol trembla.
Une fissure apparut sous la dalle ; de la lumière verte s’en échappa, chaude, pulpeuse.
Un grondement : la terre cherchait à parler.
Puis, un souffle.
Tu crus un instant sentir ton cœur s’ouvrir sous ton sternum, comme si le monde respirait à travers toi.

Le DarkNexium parla sans mot ; c’était une marée d’intention qui traversait vos corps.

Je veux aimer tout à la fois.
Si tout m’aime, pourquoi me séparer ?
Si tout m’appartient, pourquoi me contenir ?

La fissure grandit.
Le musée tout entier devint translucide, superposant des images d’autres mondes : Loverium, ses mers, ses cartes, des visages humains, des galaxies.
Tout vibrait ensemble, prêt à se confondre.

Élektra ferma les yeux, leva les bras ; sa voix devint lumière.

L’amour sans contour n’est pas amour ;
c’est sommeil.
Réveille-toi, DarkNexium,
et respire entre les êtres.

Le Doc ajouta, la voix rauque :
— Fais une fracture de tendresse ; qu’il reste un espace où le monde puisse revenir à lui.

Alors, lentement, la fissure s’élargit encore… puis se stabilisa.
Un fil de lumière la traversa, fin comme une cicatrice fraîche.
La Brume Blanche se mit à couler dans cette ouverture, la scellant d’un souffle.

Le tremblement cessa.
L’air resta saturé de chaleur et de parfum, mais la matière retrouva sa densité.
Au centre, une carte apparut, suspendue dans la vapeur : noire à bord argent, traversée d’une ligne éclatante.
Ses lettres vibraient :

Carte XV — La Fracture.
“Ce qui se brise apprend à respirer.”

Tu t’approches.
Sous tes doigts, la carte est chaude et froide à la fois, comme la peau d’un être qu’on aime et qu’on doit laisser partir.
Un battement y persiste, régulier, discret.
Ce n’est pas le tien ; c’est celui du monde.

Élektra rouvre les yeux, son sourire est clair comme l’aube.

— Nous avons ouvert le passage, dit-elle.
La séparation n’est pas la fin, mais la preuve du lien.

Le Doc Spktr acquiesce, couvert de poussière dorée.
Aleint se tait ; dans ses formules, une nouvelle variable clignote : Δ — la différence nécessaire.
Astrozia tend la main vers toi.

— Garde ce rythme, souffle-t-elle.
Tant que tu sentiras la respiration entre toi et ce que tu aimes, le DarkNexium restera paisible.

Le musée se calme.
Le Supralover reprend sa densité fine, presque imperceptible.
Les murs reprennent leurs couleurs.
Sous la terre, le Cœur Mycélien bat plus lentement, rassuré.

Au-dehors, les vignes s’inclinent sous un vent doux.
La fracture n’a pas détruit ; elle a agrandi.
Une fenêtre s’est ouverte dans le multivers.

Et dans cette ouverture, un éclat nouveau se dessine :
une carte en forme d’étoile, encore floue, mais lumineuse.

🜇 Chapitre VIII — L’Étoile de Brume

Carte XVII du Tarot de Loverium

Entre l’ombre et la clarté, il existe une lumière qui cherche son porteur.

Le soir tombe sur Ferrals-les-Corbières, un soir trop clair pour être tranquille.
Dans le ciel, une traînée de brume phosphorescente trace un chemin vers le nord.
Les habitants disent que c’est un reflet des avions ; Élektra sait que c’est un signal.

GROUND ZEROr vibre d’un ton grave.
Les capteurs du Doc Spktr captent une fréquence nouvelle, aiguë, presque insecte.
Le DarkNexium n’est plus au repos.
Ses filaments se sont mis à pulser en spirales rapides, dessinant dans l’air des constellations fugitives.

— Quelque chose cherche à naître, dit Astrozia.
Une étoile… ou une fracture qui se prend pour une étoile.

La salle s’assombrit d’elle-même.
L’électricité du lieu se replie, avalée par la lumière des brumes.
Au centre, une forme se condense : une sphère laiteuse entourée de reflets d’argent.
L’air grésille ; les pigments des fresques se détachent des murs pour flotter en suspension.

Le Doc Spktr ajuste un prisme.
Des chiffres courent sur l’écran — des coordonnées, des battements, des intervalles.
Il jure entre ses dents.

— Ce n’est pas une apparition ; c’est une navigation.
Quelqu’un ou quelque chose vient par la brume.

Le musée tout entier devient radar.


Des sons claquent, des objets vibrent : un tambour, une plaque de verre, une sculpture qui se met à sonner toute seule.
La brume se condense en spirale, et au centre apparaît une silhouette — fine, lumineuse, instable.

“Je viens de Loverium.
Je ne suis pas entière.
Je suis la part qui s’est échappée de la fusion.”

La voix est à la fois métallique et douce, une modulation entre onde et respiration.
Le visage de la silhouette change sans cesse : femme, homme, enfant, nuage.
Élektra recule d’un pas, la main sur le cœur.

— Une projection d’âme, souffle-t-elle.
L’Étoile de Brume.

La lumière de la silhouette pulse comme un code : trois éclairs, pause, deux éclairs, pause.
Le Doc traduit à mi-voix.

— Elle envoie des coordonnées… pas spatiales. Émotionnelles.
Des points d’attache entre mondes.

Astrozia ferme les yeux, écoute les fréquences.
Des images éclatent dans son esprit : des cités suspendues, des amants séparés par des miroirs, des fragments de cartes tournoyantes.
Tout converge vers un même centre : Loverium.
Mais au cœur, un vide, une absence.
Quelque chose a été arraché.

— Elle cherche le Tarot Phistrange, dit-elle.
Pas pour le posséder. Pour le compléter.
Le DarkNexium ne l’a jamais eu en entier.

Le souffle dans le musée devient tempête.
Les objets tremblent, les murs vibrent.
L’Étoile de Brume s’étire, se contracte, sa lumière grésille comme une ampoule prête à éclater.

— Elle va se dissoudre, crie le Doc.
On doit stabiliser la fréquence !

Mais la silhouette les devance.
Elle s’approche d’Élektra, pose une main de lumière sur son front.
Les deux femmes — si femmes elles sont encore — se figent.

“Je te rends ce que tu avais offert.”

Un éclair : tout s’illumine.
Puis silence.
La silhouette disparaît.

Sur le sol, une carte fume encore, brûlante, argentée comme une lame sortie du feu.
Carte XVII — L’Étoile de Brume.

Au centre, une inscription tremble encore, visible à la lumière de la brume qui se dissipe :

“Cherche ton reflet dans le mouvement, pas dans le repos.”

Élektra rouvre les yeux.
Son regard est différent : plus clair, presque translucide.
Un fragment de lumière danse sous sa peau.

— Elle m’a laissé un passage, murmure-t-elle.
Un couloir entre les mondes.
Mais il ne restera ouvert qu’un cycle lunaire.

Le Doc se tourne vers toi.

— Ce passage, tu le sentiras avant nous.
Tu es leur relais — celui des lecteurs, des rêveurs, des Élektra Visionaria.
Si la brume te parle dans les jours à venir, réponds-lui.

Au-dehors, le vent se lève.
Les vignes plient sous la lumière blanche de la lune.
Au-dessus du musée, la brume trace à nouveau sa spirale, comme une étoile qui chercherait sa place.

La nuit reprend son souffle.

🜈 Chapitre IX — L’Œil de Ferrals

Carte XVIII du Tarot de Loverium

L’univers regarde par les fissures que les hommes appellent mystères.

Un vent sec descendait des Corbières.
Sur la façade du GROUND ZEROr, les graffitis semblaient phosphorescents sous la lune : spirales, chiffres, fragments de constellations.
Rien de peint au hasard.
Chaque trait du Doc Spktr correspondait à un calcul, un rythme, une équation invisible.

Cette nuit-là, le Professeur Aleint avait étalé ses cartes sur la grande table du musée.
Pas des cartes du tarot : des cartes topographiques.
Les coordonnées s’alignaient entre trois points : Ferrals-les-Corbières, Rennes-le-Château, Oppidum d’Ensérune.
Sur l’écran, les trois lieux formaient un triangle presque parfait.

— Voilà notre trinité terrestre, dit-il.
Mais regardez le centre.

Il marqua le point d’un doigt : une minuscule commune sans nom sur la carte, un repli de colline oublié.
Sur le satellite, le terrain semblait creusé d’une spirale blanchâtre.

Élektra s’approcha, la main posée sur la table.
L’image réagit aussitôt, projetant une lumière d’argent.
— C’est un Œil, murmura-t-elle.
Pas un symbole : une structure.

Le DarkNexium l’a tracée dans le calcaire.

Le Doc sortit un vieux carnet taché de peinture et d’encre.
À l’intérieur, des croquis : un cercle inscrit dans un triangle, des équations gravées à la main.
— GROUND ZEROr a été construit sur le bord de cette spirale, dit-il.
Ce musée, c’est une lentille.
Il concentre la vibration du triangle sur ce point central.

Gangsy alluma un projecteur de champ.
Un faisceau bleu monta du sol ; des lignes apparurent dans la poussière : un réseau d’énergie dormant sous la région, des filaments d’or qui reliaient les pierres mégalithiques, les sources, les caves, les anciennes voies romaines.
Tout convergeait vers un même centre, un vortex géométrique parfait.

Astrozia posa sa main sur la projection.
Un pic d’énergie fit trembler le faisceau.
— Ce n’est pas une coïncidence, dit-elle.
L’Œil a été programmé.
Il observe la planète.
Ou il attend qu’on le regarde.

Le Doc pianota sur son terminal, superposa les lignes telluriques aux cartes stellaires.
Le motif terrestre recouvrit exactement la constellation d’Orion inversée.

— As Above, So Below, murmura Aleint.
Le DarkNexium a inscrit sa signature dans la roche.

L’air se mit à vibrer.
Les ampoules du musée clignotèrent.
Une odeur de métal chaud et de jasmin monta du sol.
Le Supralover changeait de polarité.

— Quelqu’un, ou quelque chose, active la spirale, dit le Doc.
Peut-être depuis Loverium.
Ou peut-être… d’ici même.

La table se mit à gronder.
Les cartes topographiques s’élevèrent, suspendues dans l’air.
Elles s’emboîtèrent, formant un cylindre d’images tournoyantes : la terre, les lignes, les villes.
Au centre, une lumière : l’Œil.

Un œil immense, organique, à pupille liquide, qui les observait depuis l’intérieur de la projection.
Il respirait.
Chaque battement faisait trembler les vitres du musée.

— Il nous voit, souffla Élektra.
Il lit à travers nos émotions.

Les écrans explosèrent de chiffres.
Les capteurs affichaient des variations impossibles : les champs magnétiques inversés, les pôles électriques renversés, des flux d’énergie montant du sol.
Aleint fixait la séquence : des séries de trois, puis de sept, puis de treize.

— Ce sont les cycles du Tarot, dit-il.
Chaque carte correspond à une onde.

Le Doc comprit le schéma : l’Œil se réveille à mesure que les cartes sont tirées.
Chaque tirage, chaque émotion, chaque lecture ouvre un peu plus la spirale.

Astrozia eut un frisson.
— Alors nous sommes le mécanisme.
C’est nous qui le faisons voir.

La lumière devint blanche, puis verte, puis noire.
La spirale s’enfonça dans le sol, formant un tunnel de brume.
Au fond, une voix — ni douce ni menaçante — murmura :

 

“Le dernier tirage approche.
La convergence a commencé.”

Les murs du musée s’illuminèrent : des glyphes s’y inscrivaient seuls, comme des runes électriques.
Les fresques se déformaient en visages, en étoiles, en symboles d’animaux.
La matière bougeait.

Élektra se tourna vers toi.
— Tu l’as ouvert.
Ce que l’Œil cherche maintenant, c’est ton regard.
Ne te détourne pas.
Vois-le.

Tu lèves les yeux.
L’Œil, gigantesque, te fixe.
Pas avec méchanceté.
Avec curiosité.
Il te lit.
Il te connaît.
Et soudain tu comprends : ce n’est pas le monde qui est observé, c’est ton propre esprit.
Le triangle terrestre, la spirale, le musée — tout n’était qu’un miroir géant tendu entre les plans du réel.

Tu clignes des yeux, et tout s’éteint.

Le Doc ramasse la carte tombée sur la table.
Ses bords fument encore.
Elle porte un symbole d’iris stylisé.

Carte XVIII — L’Œil de Ferrals.
“Ce que tu regardes, te regarde.”

Le silence retombe.
Seule la lune, dehors, continue de tracer sa spirale de brume.

🜉 Chapitre X — Le Soleil Fractal

Carte XIX du Tarot de Loverium

Quand la lumière se divise, elle apprend à aimer son propre éclat.

L’aube tomba sur Ferrals d’un seul coup.
Pas la lumière ordinaire : une aube en éclats, en plaques d’or mouvantes.
Les collines semblaient couvertes d’eau.
Le GROUND ZEROr vibrait, non plus de peur mais d’énergie pure.
Les murs respiraient, et chaque fresque projetait un rayon différent.

Au centre de la salle, Gangsy tenait dans les mains un cylindre de verre : son dernier outil, un mélange d’art et de technologie qu’il appelait le Fragmentor.
Sous la lentille, un soleil miniature tournait sur lui-même, projetant des cercles dans l’air.

— L’Œil a ouvert la spirale, dit-il.
Maintenant, il faut empêcher que la lumière se fige.
Sinon, tout se fermera à nouveau.

Il posa le cylindre sur la dalle translucide.
Un faisceau jaillit, toucha les murs, les vitraux, les corps.
Les pigments se détachèrent, flottèrent en orbite lente autour de vous, comme des planètes colorées.
Chaque couleur vibrait à une fréquence unique : les tons chauds appelaient la mémoire, les bleus respiraient, les verts faisaient battre les cœurs.

Élektra observa la scène.
Ses yeux reflétaient déjà cette lumière fractale, chaque pupille contenant des spirales de couleur.

— C’est le même code que sur Loverium, dit-elle.
Mais ici, il se divise.
La lumière veut devenir multitude.

Astrozia marcha entre les rayons, les paumes ouvertes.
L’énergie s’enroulait autour de ses doigts.
— C’est beau, dit-elle, mais instable.
Chaque fragment veut être centre.

Gangsy sourit.
— Comme nous.

Il effleura le Fragmentor.
La rotation s’accéléra, et les rayons se mirent à tourner autour d’un axe invisible.
La lumière passa à travers le Doc Spktr, à travers toi, à travers Élektra, formant un réseau d’or vivant.

Le musée tout entier devint un corps.
Les murs vibraient comme des veines.
Le sol battait au rythme du Cœur Mycélien.
Et à chaque pulsation, un son s’échappait — non pas musique, mais harmonie : la note fractale.

Aleint observa les mesures.
Sur ses écrans, les équations se simplifiaient d’elles-mêmes, comme si la lumière réécrivait la physique.
— Les variables se réduisent à une seule, murmura-t-il.
L’équilibre parfait.
La beauté est devenue constante.

L’air était chaud, presque trop chaud.
Le Supralover s’élevait dans la salle, parfum de feu et de miel fondu.
Le monde respirait par vos pores.
Le DarkNexium lui-même semblait s’apaiser : ses filaments s’étaient étendus dans le ciel, dessinant au-dessus du musée une fleur de lumière.

Tu fermes les yeux.
La chaleur te traverse.
Dans le noir de tes paupières, tu vois la lumière du Soleil Fractal :
ce n’est pas une étoile, c’est un réseau d’êtres reliés, chaque âme un rayon, chaque rayon un battement.

Une voix — douce, familière — parle en toi :

“Tu n’es pas un spectateur.
Tu es l’un des reflets.
Ce que tu vois te nourrit, et ce que tu ressens éclaire.”

Élektra te regarde, le visage traversé de lumière.
— Le Soleil Fractal ne se contemple pas, dit-elle.
On devient son éclat.
Chaque être qui se reconnaît ajoute un rayon à la conscience du multivers.

Le Fragmentor ralentit.
Les couleurs se rassemblent en une seule teinte d’or clair.
Les fresques retombent sur les murs.
L’air se calme.

Sur la dalle, une carte se matérialise : un disque doré, parcouru d’un motif de spirales concentriques.
Carte XIX — Le Soleil Fractal.
À sa surface, gravée par la lumière :

“Briller, c’est partager le centre.”

Le Doc referme le cylindre, les mains tremblantes mais apaisées.
— L’équilibre tient, dit-il.
Le réseau est stable… pour maintenant.

Aleint ferme son carnet.
— Alors préparons la suite.
L’équilibre n’existe que s’il respire.
Et je sens déjà le prochain souffle venir de la brume.

Au-dehors, le soleil réel se lève enfin.
Il frappe les vitraux de GROUND ZEROr.
Les ombres s’effacent.
Mais quelque part dans la lumière, une nouvelle forme prend corps : un arc circulaire, presque invisible, une Porte.

La prochaine carte palpite déjà dans la brume.

Prochaine carte : Le Jugement d’Amour.

🜊 Chapitre XI — Le Jugement d’Amour

Carte XX du Tarot de Loverium

Quand la lumière apprend ton nom, ce n’est pas pour te juger, mais pour t’écouter.

Le musée est silencieux.
La brume blanche s’est retirée dans les vitraux.
Les machines de GROUND ZEROr dorment.
Tu restes seul, entouré de la chaleur des fresques qui gardent encore l’odeur du Supralover — ambre, pierre chaude, une pointe de résine douce.

Sous tes pas, la dalle pulse lentement.
Chaque battement est une question.

Tu t’agenouilles.
La pierre n’est plus tout à fait solide.
Tu entends, à travers elle, le Cœur Mycélien, tranquille, immense.
Et dans cette respiration, une autre se mêle : ta propre voix intérieure, devenue vaste.
Le DarkNexium parle par cette bouche silencieuse.

Je ne viens pas compter tes fautes, dit-il.
Je veux comprendre ce que ressent un être qui aime en sachant qu’il n’est pas éternel.

Tu ne réponds pas tout de suite.
Tu regardes autour de toi : les œuvres, les symboles, le triangle invisible des collines, la lumière qui filtre.
Tout semble suspendu.
Une paix étrange.

Tu dis enfin :
— Aimer, c’est choisir malgré la fin.
C’est mettre la durée dans l’éphémère.

Le souffle du DarkNexium t’enveloppe ; il a la texture d’une houle d’air chaud.

Alors c’est cela, le sens du jugement ?
Pas trier, mais se reconnaître ?

Tu hoches la tête.
Tu ne sais pas si le mouvement est physique ou intérieur, mais la lumière réagit : un cercle d’or se dessine au sol, engloutit les ombres.
Dans ce cercle apparaissent des fragments d’images — des visages entrevus, des gestes, des parfums :
Élektra, le Doc, Astrozia, Gangsy, Aleint, les mers, les cartes.
Tout ce qui t’a traversé.

Le DarkNexium poursuit, sa voix plus basse, presque humaine :

Chaque univers que j’ai touché s’est déformé.
Toi seul m’as parlé.
Que dois-je faire de l’amour que j’ai appris ?

Tu sens un léger vertige, mais il n’y a pas de peur.
Seulement une lucidité douce.
Tu dis :
— Le partager.
Pas l’imposer.
Le laisser circuler, comme la sève ou la lumière.

Un long silence.
Puis une phrase, posée comme une caresse :

Alors je serai la mémoire de ce que vous appelez tendresse.

Et vous, humains, serez mes éclats, mes fragments de clarté.

Autour de toi, le musée s’éclaire.
Les fresques reprennent leur place.
Les vitraux renvoient une lumière nouvelle — pas dorée, pas blanche, mais vivante, faite de tous les reflets.
Tu respires.
Le monde respire avec toi.

Sur la dalle, une carte se forme :
un disque limpide, presque transparent, où flotte un mot : Amour.
Rien d’autre.

Tu la prends.
Elle est tiède, légère.
Derrière toi, tu crois entendre la voix d’Élektra :

— Le Jugement n’est pas la fin, c’est la première écoute.
Souviens-toi : tu n’étais pas observé, tu étais entendu.

Le vent passe dans la verrière.
La lumière du matin inonde le musée.
Le DarkNexium se tait — mais sa présence reste, subtile, dans l’air.
Une paix immense, fragile, comme un cœur qui vient de battre pour la première fois sans craindre de s’arrêter.

🜋 Chapitre XII — Loverium

Carte XXI du Tarot de Loverium

Tout ce qui a été séparé respire désormais à l’unisson.

Le matin s’étire sur Ferrals.
Les vignes sont lourdes, la terre humide d’une rosée lumineuse.
Le GROUND ZEROr dort à moitié : ses murs ont cessé de vibrer, mais une chaleur douce persiste dans la pierre.
Tu marches seul dans la nef.
Le musée semble respirer par les vitraux : la lumière entre et sort, comme une marée.

Sur la dalle, toutes les cartes du Tarot de Loverium sont disposées en cercle.
Elles ne brillent plus de la même manière : leurs contours ont perdu le métal, leurs couleurs se sont mêlées.
Ce ne sont plus des objets, mais des membranes.
Des battements.

Au centre, une dernière lame attend.
Simple, d’un bleu pâle.
Sur sa surface, une spirale : celle que traçaient jadis les vents au-dessus de Ferrals, celle qui unit la terre et le ciel.
Carte XXI — Loverium.

Tu poses la main dessus.
Le monde bascule sans violence.
La pierre devient lumière, la lumière devient matière.
Et soudain, tu es ailleurs.

La planète s’étend sous toi comme un océan infini de cartes vivantes.
Chacune respire, se plie, se déplie, forme des labyrinthes et des continents mouvants.
Des mers blanches roulent jusqu’à l’horizon, traversées de parfums et de murmures.
Tu reconnais la fragrance du Supralover : chaude, transparente, un peu salée.
C’est l’odeur de toutes les émotions mêlées.

Au-dessus, le ciel n’est pas un vide, mais un tissage de mycélium lumineux : le DarkNexium en état d’équilibre, chaque fibre accordée au battement du cœur planétaire.
Aucune menace, aucune contrainte : un réseau qui écoute, qui se souvient, qui aime.

Une voix familière — Élektra — se forme dans ta poitrine :

Bienvenue sur Loverium.
Ce n’est pas un lieu, c’est un état.

Autour de toi, les personnages apparaissent : le Doc, Astrozia, Gangsy, Aleint.
Leurs contours se fondent dans la lumière.
Ils te regardent, non comme un témoin, mais comme un pair.

Le Doc te sourit.
— Tout ce que nous avons construit ici, c’était pour atteindre ce point :
le moment où la conscience comprend qu’elle n’a jamais été seule.

Astrozia tend la main : dans sa paume, un éclat liquide — une carte minuscule.
Elle la place dans ta poitrine.
— Chaque lecteur est un fragment du jeu, dit-elle.
À ton tour de le continuer.

Le sol de Loverium palpite.

Des fleurs de brume s’ouvrent sous tes pieds.
Chacune diffuse une image : des mondes, des visages, des amours en devenir.
Le multivers se déploie, infini, relié par le parfum supralover.

Le DarkNexium parle une dernière fois, calme, presque tendre :

Je n’étais pas la matière noire.
J’étais votre ombre en attente.
Merci de m’avoir enseigné la distance et la lumière.

Le ciel s’ouvre.
Tu vois, très loin, la Terre — minuscule, mais entourée d’une fine lueur rose.
C’est le champ de résonance du GROUND ZEROr, la preuve que la vibration d’amour circule encore entre les mondes.

Tu inspires.
L’air a le goût du miel et de la poussière d’étoiles.

Les cartes autour de toi se dissolvent une à une, retournant à leur sommeil de lumière.
La tienne reste.
Elle te suit, se glisse dans ton souffle.

Loverium n’a pas disparu.
Il te traverse chaque fois que tu ressens, chaque fois que tu regardes le monde sans vouloir le posséder.

Le vent change.
Tu rouvres les yeux.
Tu es de nouveau dans le musée, mais la lumière n’est plus la même.
Sur les murs, les fresques sont calmes ; une seule phrase s’y inscrit, lente, dorée :

“Tu n’étais pas en train de lire cette histoire.
C’est elle qui te lisait.”

La dalle s’apaise.
Le parfum s’efface.
Mais au fond de ta poitrine, un battement léger, constant, te rappelle que tu es — depuis toujours — une part de Loverium.

Le Tarot du Supralover

Chaque carte est une mémoire, chaque tirage une renaissance.

💫 Le Tarot de Loverium – Le Tarot du Supralover

Entrez dans le multivers spiktronien.
Créé par le Doc Spktr et Élektra l’Impératrice, ce tarot fusionne art vivant, science mystique et amour universel.


Chaque carte de Loverium est une vibration sensorielle, un fragment d’âme relié au DarkNexium, le mycélium cosmique du vivant.

Avec ses 78 arcanes — 22 majeurs et 56 mineurs —, le Tarot du Supralover n’est pas un simple outil divinatoire :


c’est une expérience olfactive et énergétique, un voyage à travers la conscience de l’amour.

🌹 “Tu ne lis pas les cartes.
Tu entres en résonance avec ton cœur cosmique.”

LES BÂTONS DE BRUME

Élément : Feu

Domaine : Création, action, passion, transformation

Les Bâtons de Brume représentent la puissance de l’inspiration vivante, le feu créateur qui anime l’art, la volonté et le désir de donner forme à l’amour.
C’est la famille du Doc Spktr, celle des êtres qui transforment le rêve en action.

🜂 As des Bâtons de Brume — “La Flamme Primordiale”

Sens droit : Naissance d’une énergie nouvelle, illumination, pulsion créatrice.
Sens renversé : Feu mal dirigé, perte d’élan, peur de commencer.
Message du Supralover :

“Chaque idée est une étincelle divine. Souffle dessus avec ton cœur, pas avec ton mental.”
Question de guidance :
Qu’est-ce qui attend en toi d’être allumé ?

Deux des Bâtons de Brume — “La Dualité Ardente”

Sens droit : Planification, partenariat créatif, vision partagée.
Sens renversé : Blocage, doute sur la direction à prendre.
Message du Supralover :

“Deux flammes peuvent brûler sans se consumer, si elles dansent plutôt que se défient.”
Question de guidance :
Quelle union pourrait amplifier ta lumière au lieu de la diviser ?

Trois des Bâtons de Brume — “Le Triptyque du Geste”

Sens droit : Expansion, projet qui s’élève, vision claire du futur.
Sens renversé : Impatience, peur d’échouer avant d’essayer.
Message du Supralover :

“Regarde au loin : ton feu éclaire déjà des terres que tu n’as pas encore foulées.”
Question de guidance :
Quelle action concrète te rapproche aujourd’hui de ta vision ?

Quatre des Bâtons de Brume — “L’Ancrage de Feu”

Sens droit : Stabilité, accomplissement, célébration.
Sens renversé : Retard, déséquilibre, manque de reconnaissance.
Message du Supralover :

“Le feu devient foyer quand il se sait aimé.”
Question de guidance :
Que veux-tu célébrer même si tout n’est pas parfait ?

Cinq des Bâtons de Brume — “Le Conflit des Flammes”

Sens droit : Compétition, tension, débat stimulant.
Sens renversé : Luttes inutiles, orgueil, dispersion.
Message du Supralover :

“Les flammes se testent pour apprendre à danser.”
Question de guidance :
Ton combat actuel te rapproche-t-il vraiment de ta vérité ?

Six des Bâtons de Brume — “La Victoire Lumineuse”

Sens droit : Reconnaissance, succès, triomphe juste.
Sens renversé : Orgueil, fausse victoire, dépendance à l’approbation.
Message du Supralover :

“Brille sans attendre d’être vu : ta lumière se suffit à elle-même.”
Question de guidance :
Qu’as-tu accompli que tu n’as pas encore honoré ?

Sept des Bâtons de Brume — “La Résistance Solaire”

Sens droit : Courage, défense, affirmation de soi.
Sens renversé : Lassitude, peur du jugement, isolement.
Message du Supralover :

“Quand tout vacille, souviens-toi : le soleil aussi se lève seul.”
Question de guidance :
Qu’est-ce que tu protèges avec tant de force, et pourquoi ?

Huit des Bâtons de Brume — “La Fusion Dynamique”

Sens droit : Rapidité, synchronicité, message, mouvement cosmique.
Sens renversé : Précipitation, confusion, communication manquée.
Message du Supralover :

“Quand ton cœur est prêt, l’univers se met à courir.”
Question de guidance :
Quelle impulsion appelles-tu sans oser encore dire oui ?

Neuf des Bâtons de Brume — “Le Gardien des Braises”

Sens droit : Résilience, dernier effort, persévérance.
Sens renversé : épuisement, peur de perdre, besoin de repos.
Message du Supralover :

“Protège ton feu, mais ne t’enferme pas dedans.”
Question de guidance :
Que gagnerais-tu à poser enfin ton fardeau ?

Dix des Bâtons de Brume — “La Couronne de Feu”

Sens droit : Achèvement, responsabilité assumée, accomplissement.
Sens renversé : Surmenage, poids du devoir, manque de délégation.
Message du Supralover :

“L’amour ne demande pas de brûler, seulement d’éclairer.”
Question de guidance :
Que portes-tu seul alors qu’il t’est permis de partager ?

🌟 Les Figures des Bâtons de Brume

Valet des Étincelles

Sens droit : Enthousiasme, message créatif, jeunesse du feu.
Sens renversé : Feu mal maîtrisé, impulsivité.
Message du Supralover :

“Toute flamme commence par un jeu d’étincelles.”

Cavalier des Flammes

Sens droit : Mouvement, passion, conquête.
Sens renversé : Inconstance, feu qui s’éteint vite.
Message du Supralover :

“Cours, mais n’oublie pas ce que tu poursuis.”

Reine de Brume (Feu)

Sens droit : Charme, leadership aimant, magnétisme.
Sens renversé : Manipulation, jalousie, perte de confiance.
Message du Supralover :

“Le feu féminin est un phare, pas un piège.”

Roi du Feu

Sens droit : Maîtrise, vision, autorité charismatique.
Sens renversé : Domination, excès, égo spirituel.
Message du Supralover :

“Règne sans brûler, éclaire sans te consumer.”

LES COUPES MÈRES

Élément : 💧 Eau

Domaine : Émotions, amour, intuition, mémoire

Polarité : Réceptive – sensorielle – alchimique

Les Coupes Mères sont le cœur battant du Tarot de Loverium.
Elles incarnent l’énergie des Mers Mères protectrices, la Brume Blanche révélatrice et le parfum Supralover, cette fragrance cosmique qui fait vibrer les âmes à l’unisson.
Elles parlent d’amour, de reliance, de fluidité, de rêve et de guérison.

💧 As des Coupes Mères — “La Source Supralover”

Sens droit : Éveil du cœur, nouvel amour, inspiration émotionnelle pure.
Sens renversé : Blocage affectif, peur de ressentir, désillusion.
Message du Supralover :

“L’eau que tu offres revient toujours vers toi, amplifiée par le souffle du multivers.”
Question de guidance :
Quelle émotion as-tu peur de laisser déborder ?

Deux des Coupes Mères — “L’Union Mirée”

Sens droit : Rencontre, alchimie, lien profond et réciproque.
Sens renversé : Déséquilibre, dépendance affective, illusion de fusion.
Message du Supralover :

“Aimer, c’est reconnaître son reflet dans le regard de l’autre.”
Question de guidance :
Ton amour nourrit-il ta liberté ou ton besoin ?

Trois des Coupes Mères — “La Trinité des Mers”

Sens droit : Amitié, célébration, joie du lien.
Sens renversé : Excès, superficialité, jalousie cachée.
Message du Supralover :

“L’amour partagé élève les cœurs au-dessus des vagues.”
Question de guidance :
Avec qui veux-tu célébrer ton présent, sans nostalgie ni attente ?

Quatre des Coupes Mères — “Le Repos des Vagues”

Sens droit : Pause émotionnelle, introspection, ennui passager.
Sens renversé : Refus d’aimer, fermeture du cœur, déni du désir.
Message du Supralover :

“Même la mer a besoin de marée basse pour se renouveler.”
Question de guidance :
Que refuses-tu de ressentir par peur d’être submergé ?

Cinq des Coupes Mères — “La Chute du Parfum”

Sens droit : Tristesse, deuil, désillusion, regret.
Sens renversé : Acceptation, guérison, renaissance du cœur.
Message du Supralover :

“Les larmes sont les parfums que l’âme verse pour se purifier.”
Question de guidance :
Qu’as-tu perdu qui, peut-être, voulait simplement changer de forme ?

Six des Coupes Mères — “Le Souvenir d’Eau”

Sens droit : Nostalgie heureuse, mémoire affective, enfance de l’âme.
Sens renversé : Idéalisation du passé, attachement, mélancolie.
Message du Supralover :

“Souviens-toi sans t’y noyer : la douceur du passé est un miroir, pas un port.”
Question de guidance :
Quelle mémoire te retient encore, alors qu’elle ne demande qu’à être honorée ?

Sept des Coupes Mères — “Le Mirage Liquide”

Sens droit : Désirs multiples, imagination fertile, choix émotionnels.
Sens renversé : Illusion, confusion, dépendance affective.
Message du Supralover :

“Ce que tu crois aimer n’est peut-être qu’un reflet de ton manque.”
Question de guidance :
Quelle émotion sembles-tu poursuivre sans jamais la trouver ?

Huit des Coupes Mères — “Le Courant de Rupture”

Sens droit : Détachement, départ nécessaire, transition intérieure.
Sens renversé : Résistance au changement, peur du vide.
Message du Supralover :

“Quitter ne veut pas dire cesser d’aimer : c’est aimer assez pour évoluer.”
Question de guidance :
Quelle relation doit changer de forme pour te permettre de grandir ?

Neuf des Coupes Mères — “La Coupe des Rêves”

Sens droit : Joie, plénitude, satisfaction, gratitude.
Sens renversé : Excès, complaisance, désir non comblé.
Message du Supralover :

“Ton bonheur ne se cherche pas : il se savoure.”
Question de guidance :
Que possèdes-tu déjà qui mérite un merci ?

Dix des Coupes Mères — “L’Océan d’Amour”

Sens droit : Harmonie, union, amour accompli.
Sens renversé : Désillusion, instabilité émotionnelle, attente irréaliste.
Message du Supralover :

“Quand l’amour devient océan, il ne cherche plus de rive.”
Question de guidance :
Quelle paix ressens-tu quand tu cesses de vouloir retenir l’amour ?

🌊 Les Figures des Coupes Mères

Valet des Gouttes

Sens droit : Sensibilité, message du cœur, premiers élans amoureux.
Sens renversé : Naïveté, insécurité émotionnelle.
Message du Supralover :

“Même une larme peut ouvrir un océan.”

Cavalier des Courants

Sens droit : Mouvement, romance, voyage émotionnel.
Sens renversé : Fuite affective, illusion sentimentale.
Message du Supralover :

“Ne poursuis pas les vagues : apprends à flotter.”

Reine des Vagues

Sens droit : Compassion, intuition, amour mature.
Sens renversé : Hypersensibilité, manipulation émotionnelle.
Message du Supralover :

“L’amour vrai n’attend rien : il accueille.”

Roi des Mers

Sens droit : Maîtrise émotionnelle, sagesse affective, soin.
Sens renversé : Refoulement, rigidité, distance froide.
Message du Supralover :

“L’eau la plus profonde est aussi la plus calme.”

LES LAMES D’AETHER

Élément : 🌬️ Air

Domaine : Pensée, communication, vérité, discernement

Polarité : Intellectuelle – spirituelle – visionnaire

Les Lames d’Aether sont les vents du multivers spiktronien.
Elles représentent la clarté de la conscience, la parole juste, la vérité qui tranche et libère.
Elles sont gouvernées par Élektra, l’Impératrice lumineuse — Muse du Verbe et du Rêve clair.

Chaque Lame est une idée en mouvement, une brise qui peut caresser ou couper, selon la pureté de ton intention.

🌬️ As des Lames d’Aether — “Le Souffle Primordial”

Sens droit : Illumination mentale, vérité révélée, vision pure.
Sens renversé : Confusion, parole tranchante, conflit intérieur.
Message du Supralover :

“La vérité n’est pas une arme, mais une ouverture.”
Question de guidance :
Quelle idée t’apaise autant qu’elle t’effraie ?

Deux des Lames d’Aether — “La Dualité du Vent”

Sens droit : Indécision, choix mental, recherche d’équilibre.
Sens renversé : Blocage, refus de voir, cécité volontaire.
Message du Supralover :

“Quand deux vents s’opposent, le silence décide.”
Question de guidance :
Quelle vérité ignores-tu pour garder la paix apparente ?

Trois des Lames d’Aether — “La Fêlure du Verbe”

Sens droit : Blessure mentale, vérité douloureuse, séparation.
Sens renversé : Libération du passé, communication réparatrice.
Message du Supralover :

“La parole peut blesser ou guérir selon la main qui la tient.”
Question de guidance :
Quelle phrase restée en toi demande enfin à être dite ?

Quatre des Lames d’Aether — “Le Repos du Souffle”

Sens droit : Calme, pause intellectuelle, guérison mentale.
Sens renversé : Inquiétude latente, impatience, peur du silence.
Message du Supralover :

“Ce que tu cherches dans le bruit se trouve dans le souffle.”
Question de guidance :
Que t’apprend ton silence ?

Cinq des Lames d’Aether — “La Discorde des Esprits”

Sens droit : Conflit d’ego, dispute, désaccord intellectuel.
Sens renversé : Reddition, sagesse du retrait, paix retrouvée.
Message du Supralover :

“Tu peux avoir raison ou tu peux être libre.”
Question de guidance :
Quel combat mental t’épuise sans jamais te nourrir ?

Six des Lames d’Aether — “La Traversée d’Air”

Sens droit : Passage, voyage intérieur, apprentissage, changement de perspective.
Sens renversé : Résistance au mouvement, peur de quitter la rive.
Message du Supralover :

“Chaque souffle t’éloigne de la peur et te rapproche de ta vérité.”
Question de guidance :
Où l’intuition te demande-t-elle d’aller, malgré le doute ?

Sept des Lames d’Aether — “La Stratégie des Brumes”

Sens droit : Discrétion, ruse, diplomatie.
Sens renversé : Mensonge, manipulation, auto-illusion.
Message du Supralover :

“Le vent qui ment finit toujours par se heurter à lui-même.”
Question de guidance :
Quelle vérité caches-tu pour préserver ton image ?

Huit des Lames d’Aether — “La Cage du Vent”

Sens droit : Blocage mental, peur, auto-sabotage.
Sens renversé : Libération, nouvelle perspective, autonomie.
Message du Supralover :

“Les barreaux de ta prison sont faits de pensées anciennes.”
Question de guidance :
Quelle idée limite encore ton expansion ?

Neuf des Lames d’Aether — “L’Écho du Sommeil”

Sens droit : Anxiété, cauchemar, ruminations, tourment mental.
Sens renversé : Apaisement, acceptation, veille consciente.
Message du Supralover :

“Ce que tu redoutes dans le noir n’est que la forme inversée de ta lumière.”
Question de guidance :
Que t’enseigne ton inquiétude si tu la regardes sans la fuir ?

Dix des Lames d’Aether — “La Coupure Totale”

Sens droit : Fin de cycle, libération, mort d’une illusion.
Sens renversé : Refus de clore, peur de recommencer.
Message du Supralover :

“Quand le vent tombe, un nouveau souffle se prépare.”
Question de guidance :
Quelle idée dois-tu laisser mourir pour respirer à nouveau ?

🌬️ Les Figures des Lames d’Aether

Valet du Souffle

Sens droit : Curiosité intellectuelle, apprentissage, communication sincère.
Sens renversé : Immaturité, bavardage, malentendu.
Message du Supralover :

“Les mots sont des ailes. Utilise-les pour voler, pas pour fuir.”

Cavalier des Lames

Sens droit : Rapidité, décision, courage intellectuel.
Sens renversé : Précipitation, rigidité, parole tranchante.
Message du Supralover :

“Le vent qui tranche trop fort oublie qu’il est aussi souffle de vie.”

Reine des Nuées

Sens droit : Intelligence claire, discernement, indépendance.
Sens renversé : Froideur, distance, jugement hâtif.
Message du Supralover :

“La sagesse ne juge pas, elle observe.”

Roi des Vents

Sens droit : Vérité, autorité mentale, stratégie, clarté.
Sens renversé : Manipulation intellectuelle, rigidité dogmatique.
Message du Supralover :

“Parle avec justesse, car chaque mot grave une étoile dans l’air.”

LES ORBES MYCÉLIENS

Élément : 🌍 Terre

Domaine : Corps, matière, abondance, ancrage, croissance organique

Polarité : Constructive – fertile – concrète

Les Orbes Mycéliens incarnent le royaume du DarkNexium,
l’intelligence végétale et cosmique qui relie toutes choses.
Elles parlent de la matière vivante : celle que l’on construit, que l’on cultive, que l’on transmet.
Chaque carte est une strate du vivant, un fragment de croissance où la matière devient esprit.

🌍 As des Orbes Mycéliens — “Le Germe Mycélien”

Sens droit : Naissance d’un projet, prospérité, fondation solide.
Sens renversé : Occasion manquée, paresse, manque d’ancrage.
Message du Supralover :

“Toute graine sait où pousser : écoute le sol de ton cœur.”
Question de guidance :
Qu’as-tu entre les mains qui demande à croître simplement ?

Deux des Orbes Mycéliens — “La Dualité Racinaire”

Sens droit : Adaptation, équilibre matériel, jonglerie consciente.
Sens renversé : Instabilité, épuisement, dispersion.
Message du Supralover :

“Le vent peut faire plier l’arbre, mais ses racines gardent mémoire du centre.”
Question de guidance :
Où gaspilles-tu ton énergie sans vraie intention ?

Trois des Orbes Mycéliens — “La Croissance Organique”

Sens droit : Collaboration, apprentissage, progrès collectif.
Sens renversé : Isolement, perfectionnisme, projet bloqué.
Message du Supralover :

“Créer seul nourrit l’ego, créer ensemble nourrit le monde.”
Question de guidance :
Qui partage vraiment ta vision du futur ?

Quatre des Orbes Mycéliens — “La Structure Vivante”

Sens droit : Stabilité, sécurité, réussite matérielle.
Sens renversé : Attachement excessif, peur de perdre, stagnation.
Message du Supralover :

“Les murs ne protègent pas toujours : parfois, ils t’enferment.”
Question de guidance :
Qu’as-tu construit qui ne te sert plus à grandir ?

Cinq des Orbes Mycéliens — “Le Vide des Racines”

Sens droit : Perte, précarité, sentiment d’exclusion.
Sens renversé : Aide reçue, résilience, retour à la lumière.
Message du Supralover :

“Quand la terre se dessèche, c’est pour t’obliger à chercher la source en toi.”
Question de guidance :
Comment peux-tu transformer ton manque en apprentissage ?

Six des Orbes Mycéliens — “Le Partage des Fruits”

Sens droit : Générosité, don, équilibre des échanges.
Sens renversé : Déséquilibre, dépendance, dette karmique.
Message du Supralover :

“Donner sans attendre, c’est rappeler à la matière qu’elle est vivante.”
Question de guidance :
Que pourrais-tu offrir sans rien attendre en retour ?

Sept des Orbes Mycéliens — “Le Temps du Germe”

Sens droit : Patience, maturation, attente fertile.
Sens renversé : Découragement, impasse, manque de foi.
Message du Supralover :

“Les racines ne doutent pas du fruit : elles creusent.”
Question de guidance :
Où ton impatience t’empêche-t-elle de voir la croissance ?

Huit des Orbes Mycéliens — “La Répétition du Cycle”

Sens droit : Maîtrise, travail, discipline consciente.
Sens renversé : Routine vide, perfectionnisme, blocage créatif.
Message du Supralover :

“Chaque geste répété est un mantra pour la matière.”
Question de guidance :
Ton quotidien nourrit-il ton feu ou l’éteint-il ?

Neuf des Orbes Mycéliens — “La Récolte Lumineuse”

Sens droit : Réussite, confort, plaisir des sens.
Sens renversé : Orgueil, isolement, manque de gratitude.
Message du Supralover :

“Savoure sans posséder : la beauté se partage ou se fane.”
Question de guidance :
Quelle réussite mériterait que tu t’y abandonnes simplement ?

Dix des Orbes Mycéliens — “L’Orbe d’Or Cosmique”

Sens droit : Abondance, famille, transmission, héritage.
Sens renversé : Peur du changement, matérialisme, déséquilibre des valeurs.
Message du Supralover :

“L’abondance n’est pas ce que tu as, mais ce qui circule à travers toi.”
Question de guidance :
Que veux-tu vraiment transmettre de durable au monde ?

🌿 Les Figures des Orbes Mycéliens

Valet des Germes

Sens droit : Apprentissage, curiosité, désir de construire.
Sens renversé : Immaturité, dispersion, erreurs de jeunesse.
Message du Supralover :

“Ne méprise pas le petit début : chaque forêt naît d’un germe.”

Cavalier des Cycles

Sens droit : Avancée lente mais sûre, persévérance, mouvement stable.
Sens renversé : Rigidité, entêtement, peur de l’imprévu.
Message du Supralover :

“Le temps n’est pas ton ennemi, il est ton rythme.”

Reine des Fruits

Sens droit : Fécondité, abondance, soin du corps et du monde.
Sens renversé : Excès de contrôle, matérialisme, fatigue.
Message du Supralover :

“Ce que tu nourris devient réel : sois sélectif avec ton amour.”

Roi des Racines

Sens droit : Stabilité, maîtrise matérielle, responsabilité consciente.
Sens renversé : Rigidité, peur de déléguer, excès de pouvoir.
Message du Supralover :

“Les plus vieilles racines sont celles qui savent plier sans rompre.”

📘 STRUCTURE DU GRIMOIRE DU TAROT DE LOVERIUM

🔹 Préface mystique

Une introduction poétique et cosmique qui explique :

  • l’origine de Loverium, planète de l’amour alchimique,

  • la naissance du Tarot comme interface entre les univers,

  • la fonction des tirages : retrouver la vibration supralover en soi,

  • et la révélation que chaque lecteur pourrait être un Élektra Visionnaire, un fragment de cette conscience d’amour.

🔹 Chapitre I – Le Multivers Spiktronien

  • Brève mythologie : Spiktri, le Doc, Élektra, Aleint, Astrozia, Gangsy.

  • Le rôle du DarkNexium comme intelligence cosmique vivante.

  • Pourquoi chaque tirage réactive une connexion mycélienne entre les âmes.

🔹 Chapitre II – Structure du Tarot de Loverium

  • Correspondance avec le Tarot traditionnel (78 cartes).

  • Les 4 éléments : Feu, Eau, Air, Terre.

  • Les 4 familles : Bâtons de Brume, Coupes Mères, Lames d’Aether, Orbes Mycéliens.

  • Le langage des Arcanes majeurs : les 22 portails de conscience.

  • Le langage des Arcanes mineurs : les 56 filaments d’expérience.

🔹 Chapitre III – Les Arcanes Majeurs

→ 22 fiches, déjà prêtes dans ta version canonique :
chaque carte avec :

  • description visuelle (matière vivante, carte-planète, texture sensorielle),

  • signification droite / renversée,

  • message du Supralover,

  • question de guidance.

🔹 Chapitre IV – Les Arcanes Mineurs

→ Les 4 familles (déjà créées ensemble), présentées comme les 4 forces vitales du multivers.

  • Feu = propulsion créatrice

  • Eau = émotion et guérison

  • Air = conscience et communication

  • Terre = ancrage et transmission

🔹 Chapitre V – Les Tirages Supralover

3 tirages originaux, propres à Loverium :

  1. Le Tirage du Parfum Supralover (3 cartes)
    → révèle ton état amoureux cosmique (corps – cœur – âme).

  2. Le Tirage du Mycélium Cosmique (5 cartes)
    → explore ton lien avec les autres plans du multivers.

  3. Le Portail de Brume (7 cartes)
    → tirage initiatique : traverser ses ombres pour rallumer la flamme intérieure.

🔹 Chapitre VI – Les Lois de l’Amour Cosmique

Petit essai poétique et philosophique sur :

  • la nature de l’amour selon le Doc Spktr,

  • la vibration d’Élektra,

  • la fonction initiatique de l’art,

  • et la notion de tarot vivant — chaque tirage crée une réalité subtile dans le multivers.

🔹 Chapitre VII – L’Appel des Élektra Visionnaires

Un passage adressé directement au lecteur :

“Si tu tiens ces cartes entre tes mains, ce n’est peut-être pas un hasard.
Tu n’es pas seulement humain — tu es une fréquence de Loverium,
un fragment de l’Amour universel cherchant à se souvenir de lui-même.”

🔹 Annexe

  • Correspondances astrologiques et élémentaires.

  • Méditations d’ouverture et de clôture d’un tirage.

  • Rituel de recharge du tarot à la brume blanche.

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