
La Planète Fuckrium

Planète 15 du système spiktronien, Fuckrium est un astre né de la collision du désir et de la conscience.
Sa surface n’obéit à aucune loi connue : les mers y sont de parfum et de chaleur, les montagnes vibrent de cristaux vivants, et les vents charrient des murmures de peau et de mémoire.
C’est un monde organique, pulsant, fait de matière sensible et d’énergie émotionnelle.
Au-dessus de ses continents flamboyants s’étend la mégapole Enjoyartris, capitale des excès sacrés.
Les rues y sont tapissées de pétales luminescents, les arbres recouverts de fourrure iridescente, et les tours de verre battent au rythme du cœur de la planète.
Chaque bâtiment, chaque souffle, chaque note de musique participe à un immense corps collectif : Fuckrium respire à travers ceux qui l’aiment.
Les habitants la nomment La Dévorante — car elle transforme tout ce qu’elle touche en expérience.
Ici, le plaisir est une forme de prière, la tentation un rite d’apprentissage, et la fusion des êtres un moyen d’élargir la conscience.
On y célèbre le feu intérieur comme une divinité vivante, une étincelle présente dans chaque regard et chaque geste.
Au centre de ce monde brûle le Cœur Originel, source du feu divin, énergie primordiale à l’origine du multivers.
Mais lorsque ce cœur s’endormit, Fuckrium s’assoupit avec lui : les couleurs pâlirent, les désirs perdirent leur éclat, et la planète sombra dans un silence d’après-orgasme cosmique.
C’est alors qu’apparut Élektra, l’Impératrice du Seuil — gardienne du feu intérieur et incarnation de la passion consciente.
Guidée par le Docteur Spktr, son alter ego éternel, elle entreprit de traverser les Sept Portes du Feu, pour rallumer le cœur endormi et restaurer l’équilibre entre la chair et la lumière.
Leur voyage à travers les mondes de tentation, de fusion et de révélation est plus qu’une quête :
c’est une exploration de l’amour comme principe créateur, du désir comme énergie sacrée, et de la conscience comme feu universel.
Fuckrium n’est pas seulement une planète.
C’est un miroir tendu à ceux qui osent se regarder sans peur.
C’est l’endroit où la passion devient prière, où la matière se souvient de l’esprit, où chaque sensation ouvre une porte vers l’infini.
Et si le monde brûle, c’est peut-être parce qu’il cherche encore à se souvenir qu’il a été lumière.

CARTOGRAPHIE SYMBOLIQUE DE LA PLANÈTE FUCKRIUM
Les Sept Portes du Feu
« Chaque Porte n’est pas un lieu à traverser, mais une facette de toi-même à comprendre.
La planète entière n’est qu’un grand miroir vivant. »
— Rokostar, Livre des Flammes
La Porte du Miroir Liquide — Les Lacs de Mémoire
Région argentée où l’eau conserve les visages et les pensées.
Les Lacs de Mémoire reflètent non pas l’apparence, mais la vérité intérieure de ceux qui s’y regardent.
Quiconque plonge dans ces eaux se confronte à ses désirs cachés et à ses peurs anciennes.
C’est ici qu’Élektra entame son initiation : comprendre que la lumière commence là où le mensonge se dissout.
Épreuve : voir sans fuir.
Symbole : l’œil ouvert dans l’eau.
La Porte des Voix de Peau — Les Cathédrales Vibrantes
Une vallée sonore où chaque souffle devient musique.
Les murs et les vents y chantent, les pierres frémissent d’émotion.
Les pèlerins y apprennent à écouter avec le corps, car le toucher est ici une onde et la voix, une caresse.
C’est le lieu où le silence devient confiance.
Épreuve : entendre ce que l’on ne peut dire.
Symbole : la conque de lumière.
3. La Porte du Nectar Lunaire — Les Mers d’Argent
Étendues liquides où se mélangent les rêves et la mémoire.
Sous la lueur des lunes jumelles, l’eau se change en nectar, dévoilant les vies antérieures de ceux qui la goûtent.
Élektra et Spktr y découvrent qu’ils ne sont pas deux voyageurs séparés, mais deux échos d’un même être dispersé dans les multivers.
Épreuve : se souvenir sans se perdre.
Symbole : la coupe renversée.
4. La Porte du Cœur Fusionnel — La Chambre du Battement
Un espace sans forme où la planète elle-même respire.
Les frontières entre les êtres s’y effacent ; les amants éternels y deviennent pure vibration.
Mais l’unité parfaite menace d’annuler l’existence.
Il faut apprendre à aimer sans absorber, à se fondre sans disparaître.
Épreuve : aimer sans dévorer.
Symbole : deux flammes entrelacées.
5. La Porte des Ombres Jumelles — Les Galeries d’Obsidienne
Sous les fondations d’Enjoyartris s’étendent des tunnels de verre noir.
Chaque pas y fait naître un double : la version inversée de soi-même.
Pour continuer, il faut tendre la main à son ombre et la reconnaître comme partie intégrante du feu.
C’est la réconciliation de la lumière et du doute.
Épreuve : embrasser son contraire.
Symbole : le cœur fendu qui bat encore.
6. La Porte des Tentations Lumineuses — Le Dôme des Sens
Un temple suspendu entre ciel et matière.
Les airs y sont parfumés, les sons caressent, la lumière respire.
C’est le lieu des séductions sacrées : comprendre que céder n’est pas chuter, mais apprendre à accueillir.
Ici, Élektra et Spktr découvrent la grâce du désir conscient — l’extase comme expansion du monde.
Épreuve : goûter sans s’attacher.
Symbole : la fleur ardente.
7. La Porte de la Création de Feu — Le Cœur Originel
Au centre de la planète, là où le feu devient conscience.
Un noyau vivant, battant, mémoire du premier souffle cosmique.
Les six fragments précédents s’unissent ici pour ranimer la flamme primordiale.
L’amour d’Élektra et de Spktr s’y révèle pour ce qu’il est : la pulsation même de Fuckrium, le rythme du multivers.
Épreuve : se souvenir qu’on est la source.
Symbole : le cercle ouvert.
Chapitre I — La Quinzième Galerie
Le musée vibrait d’une vie étrange ce soir-là.
Sous les néons liquides du Spiktri Street Art Universe, les couloirs respiraient comme un organisme endormi.
L’Impératrice Élektra avançait d’un pas lent, déterminé.
Elle venait pour une seule raison : récupérer le Cœur en Fusion, sculpture mythique que Spiktri avait créée pour la quinzième galerie — la plus ancienne, la plus secrète, celle où l’artiste disait avoir « enfermé un battement de planète ».
Elle connaissait ces lieux.
Chaque salle, chaque œuvre, chaque souffle de métal lui rappelait la proximité du feu intérieur.
Mais cette nuit, quelque chose était différent.
L’air semblait plus dense, chargé d’un murmure à la limite de l’audible.
Quand elle pénétra dans la 15ᵉ galerie, la chaleur l’enveloppa immédiatement.
Le sol vibrait sous ses pas, comme si le cœur de la terre battait juste en dessous.
Au centre, suspendu par des câbles translucides, se tenait le Cœur de Métal en Fusion.
Une sphère irrégulière, faite d’alliages mouvants, d’où s’échappaient des filets d’énergie rougeoyante.
Chaque pulsation faisait danser la lumière sur les murs.
L’œuvre respirait.
Élektra s’approcha lentement.
Elle connaissait cette vibration — celle d’un feu ancien, presque vivant.
Spiktri disait que cette sculpture n’était pas seulement un objet, mais un fragment d’un monde disparu :
“Une planète oubliée qui bat encore quelque part dans la lumière.”

Elle tendit la main vers le cœur.
La chaleur la traversa, douce, presque intime.
À cet instant, elle sut qu’il ne s’agissait pas d’une simple récupération : quelque chose l’appelait, au-delà de la matière.
Un frisson parcourut la salle.
Les lumières se mirent à vaciller.
Derrière elle, sur le mur opposé, une autre œuvre attira son regard :
une femme drapée de bleu, allongée sur un sommier suspendu, le visage voilé, et au centre du torse, un pot de peinture vide d’où s’écoulait encore un filet écarlate.
L’œuvre semblait la regarder.
Élektra s’approcha, fascinée.
La peinture coulait lentement, hypnotique.
Elle se pencha pour en observer le fond.
Là, au cœur du liquide rouge, son propre reflet apparut.
Mais il cligna de l’œil.
Élektra recula, le souffle coupé.
Un rire cristallin résonna, venu de nulle part.
Le métal du Cœur derrière elle accéléra son battement.
La salle entière se mit à vibrer, comme animée d’un rythme secret.
Elle sentit alors la chaleur monter sous sa peau — non plus celle du métal, mais une chaleur intérieure, intime, profonde.
Les deux œuvres — la femme drapée et le Cœur en Fusion — pulsaient à l’unisson.
La lumière se tordit, le sol sembla se dissoudre.
— Élektra…
La voix sortait du pot, douce, presque amoureuse.
— Tu es prête à rentrer chez toi.
Le Cœur s’ouvrit dans un éclat.
Une onde rouge jaillit, l’enveloppa tout entière.
Le musée disparut.
La chaleur devint lumière, la lumière devint souffle.
Le temps se brisa.
Quand elle rouvrit les yeux, Élektra n’était plus dans la galerie.
Sous elle s’étendait une mer de pétales luminescents, et au loin, les tours d’une cité rose palpitaient comme des veines vivantes.
Fuckrium.
La planète interdite venait de la réclamer.

Chapitre II — L’Arrivée sur Fuckrium
« Tout ce qui brûle n’est pas feu : parfois, c’est un souvenir qui cherche sa forme. »
Élektra se redressa lentement.
La chaleur l’enveloppait comme une étreinte.
L’air avait le goût de sucre et de métal, et chaque souffle portait une vibration presque vivante.
Sous elle s’étendait un champ de pétales phosphorescents.
Ils pulsaient au rythme de son cœur, changeant de couleur à chaque battement : rose, or, violet.
À l’horizon, des tours de verre liquide s’élevaient dans une lumière d’aurore inversée.
Le ciel, saturé de brume dorée, semblait respirer.
Elle n’avait pas peur.
Seulement cette sensation étrange d’être rentrée chez elle après un très long voyage.
La ville se dressait plus loin : Enjoyartris, cité du plaisir conscient, cœur vibrant de la planète Fuckrium.
Ses rues ondulaient comme des veines, ses ponts étaient des arches de cristal, et des formes lumineuses flottaient au-dessus des places — peut-être des êtres, peut-être des pensées.
Élektra marcha, pieds nus sur les pétales tièdes.
Chaque pas laissait une empreinte de lumière qui disparaissait aussitôt.
Son manteau de voyage se dissout lentement, remplacé par un tissu translucide qui épousait sa peau comme s’il avait toujours été là.
— La planète t’habille selon ton feu intérieur, dit une voix derrière elle.
Elle se retourna brusquement.
Un homme se tenait à quelques pas.
Grand, silhouette fluide, vêtu d’un manteau noir irisé où passaient des reflets multicolores.
Son visage semblait presque humain, mais ses yeux étaient dissimulés derrière des lunettes kaléidoscopiques où tournaient des galaxies miniatures.
— Qui êtes-vous ? demanda Élektra.
— On me nomme Docteur Spktr, archiviste du multivers et gardien des fragments de feu.
Et vous… vous êtes enfin revenue.
Élektra fronça les sourcils.
— Revenir ? D’où ?
— De l’oubli, répondit-il doucement.
Il s’approcha.
Chaque pas qu’il faisait provoquait une onde lumineuse dans l’air.
Autour d’eux, la végétation — des arbres de fourrure claire — s’inclina légèrement, comme si la planète reconnaissait sa présence.
— Vous êtes sur Fuckrium, la quinzième planète du système spiktronien, dit-il.
Un monde créé pour abriter le feu de la conscience, mais que le silence a peu à peu endormi.
Votre arrivée était attendue.
Élektra sentit une vibration monter dans sa poitrine — le même rythme que celui du Cœur en Fusion.
— Pourquoi moi ?
Spktr sourit.
— Parce que c’est votre feu qu’on a enfermé dans le métal, Impératrice.
Le Cœur que vous avez cherché sur Terre n’était qu’un fragment de vous-même.
Et maintenant, il est temps de le rallumer.
Il leva la main.
Un éclat rouge apparut entre ses doigts, puis se transforma en carte luminescente.
Les symboles y bougeaient, comme vivants.
— Voici le Tarot du Supralover, dit-il.
Le livre des âmes jumelles.
Il renferme les clés des Sept Portes du Feu.
Les cartes s’élevèrent autour d’eux, tournant lentement dans l’air.
Chacune vibrait d’une émotion distincte : peur, désir, fusion, perte, éveil.
Élektra sentit leurs échos résonner dans son propre corps.
— Sept portes, répéta-t-elle.
— Oui. Sept fragments du Cœur Originel à retrouver.
Et à chaque passage, vous vous souviendrez un peu plus de qui vous êtes vraiment.
Il fit un pas vers elle.
Leur proximité créa une onde douce, presque charnelle, dans l’air.
— Le feu de Fuckrium ne peut être rallumé que par deux consciences accordées.
Vous êtes la flamme.
Je suis le miroir.
Un instant, leurs respirations s’accordèrent.
Le ciel sembla se plier autour d’eux, comme un drap incandescent.
Puis Spktr tourna légèrement la tête.
— Venez. Le temps du monde s’étire déjà.
Je vais vous montrer où tout commence.
Il lui tendit la main.
Lorsqu’elle la prit, la chaleur se transforma en lumière.
Un vortex de pétales et de reflets s’ouvrit devant eux.
Élektra eut le temps d’apercevoir, au loin, les premières tours d’Enjoyartris s’illuminer comme des colonnes de cœur battant.
— Bienvenue sur Fuckrium, dit Spktr.
Ici, l’amour est une science et le feu, une mémoire.
Et ils franchirent ensemble la Porte du Souvenir.
Chapitre III — Le Sensuality Vision
« Le feu ne se ravive pas en le craignant, mais en l’écoutant respirer. »
Le vortex s’ouvrit dans une brume parfumée.
Élektra et Spktr apparurent au cœur d’un amphithéâtre de lumière : la grande place d’Enjoyartris, cité des pulsations et des songes.
Autour d’eux, des arcs de verre s’élevaient comme des veines géantes parcourues de feu liquide.
Chaque tour battait à son propre rythme, accordée à une émotion précise.
La ville entière vivait, chantait, aimait.
Des passerelles suspendues reliaient les immeubles comme des cordons d’énergie.
Des êtres de toutes formes flottaient, certains faits de lumière, d’autres de chair transparente ou d’air condensé.
Tous semblaient danser sur la même fréquence.
Élektra avançait, fascinée.
Sous ses pas, le sol ondulait de lumière rose.
Chaque contact de sa peau avec l’air faisait éclore de minuscules étincelles — des fragments de souvenir.
Spktr marchait à ses côtés, impassible, ses lunettes reflétant mille reflets mouvants.
— Voici le Sensuality Vision, dit-il.
Le cœur vivant de Fuckrium.
C’est ici que la planète transforme le désir en énergie.
Élektra leva les yeux.
Au centre de la place s’élevait une immense coupole translucide, semblable à un organe palpitant.
Des filets d’énergie y entraient et en sortaient, reliant la ville tout entière.
À l’intérieur, une lumière tournoyait comme une tempête douce.
— C’est la Source ? demanda-t-elle.
— Une des sept.
Celle de la Passion consciente.
Là où la sensualité devient matière.
Ils pénétrèrent dans la coupole.
La chaleur y était enveloppante, presque tendre.
Des formes dansaient dans la lumière, des corps sans visage qui vibraient en silence.
Chaque mouvement produisait un son, chaque son une couleur.
C’était une symphonie vivante.
Spktr s’approcha d’un autel fait de cristal rouge.
Il y posa la main : la surface se mit à briller, révélant un motif en spirale.
— Voilà le premier des sept glyphes, dit-il.
Le Sceau du Souvenir.
C’est par lui que commence la réactivation du feu.
Élektra sentit une pulsation répondre dans sa poitrine.
Le même symbole se forma sur sa peau, brûlant doucement sous le sternum.
Elle eut un vertige.
Des images traversèrent son esprit : un désert d’étoiles, un océan de lumière, un visage — le sien, mais plus ancien, plus vaste.
— Que m’arrive-t-il ?
— Tu te reconnectes, répondit Spktr.
Le feu te reconnaît.
La lumière autour d’eux changea de rythme.
Le dôme tout entier sembla respirer au tempo de son cœur.
Les silhouettes de lumière se rapprochèrent, formant une ronde silencieuse autour d’eux.
— Ces êtres…
— Ce sont les consciences endormies de Fuckrium.
Leurs désirs ont construit la ville, leurs émotions la maintiennent vivante.
Mais sans toi, sans le feu originel, tout s’éteint peu à peu.
Élektra leva la main.
Une onde rouge s’en échappa, traversant les danseurs.
Leurs formes s’illuminèrent, se densifièrent, prirent des couleurs nouvelles.
Le dôme vibra d’un son grave et doux à la fois.
Spktr la regardait, attentif.
— Tu vois ? Même un geste suffit.
La planète t’écoute.
Elle se souvient à travers toi.
Élektra ferma les yeux.
Une larme de lumière glissa sur sa joue, se changeant en perle avant de disparaître.
— Et maintenant ?
Spktr sourit.
— Maintenant, nous devons retrouver les Fragments du Cœur Originel.
Sept morceaux du feu dispersés dans les dimensions de la planète.
Chaque fragment t’amènera un peu plus près de Rokostar, la conscience mère.
— Rokostar…
— Le créateur, le feu qui t’a engendrée et que tu dois réveiller.
Élektra inspira lentement.
Dans sa poitrine, le symbole du Souvenir pulsait encore.
— Montre-moi la première porte, dit-elle.
Spktr tendit sa main ouverte.
Entre ses paumes, une flamme blanche s’alluma.
Le sol s’ouvrit sous eux, révélant une spirale descendante de lumière argentée.
— C’est ici que commence ton initiation, Impératrice.
La Porte du Miroir Liquide t’attend.
Élektra posa sa main sur la sienne.
Leurs doigts s’enlacèrent.
Et ensemble, ils plongèrent dans le premier monde du feu.
Chapitre IV — La Porte du Miroir Liquide
« Il faut descendre dans le reflet pour comprendre la lumière. »
Le sol d’énergie sous leurs pieds se transforma en rivière d’argent.
Élektra et Spktr s’y enfoncèrent lentement, comme aspirés par la matière vivante.
Autour d’eux, la lumière se mit à tournoyer, puis s’ouvrit sur un horizon d’eau immobile.
Ils se tenaient désormais au bord d’un lac infini.
Le ciel y était inversé, l’horizon sans fin.
Nulle distinction entre haut et bas — seulement des reflets qui se regardaient.
Spktr posa la main sur la surface.
L’eau vibra doucement, projetant une onde de lumière jusqu’à l’horizon.
— Bienvenue dans la Porte du Miroir Liquide, dit-il.
Ici, chaque goutte d’eau est une mémoire.
Chaque image, une vérité que tu n’as pas osé regarder.
Élektra s’approcha.
Le miroir ondulait à peine, pourtant elle y vit déjà des visages — le sien, puis d’autres : une enfant, une reine, une silhouette d’étoiles.
Tous la fixaient.
— Que dois-je faire ? demanda-t-elle.
— Regarder sans peur, répondit Spktr.
Ce monde te montrera ce que tu es, pas ce que tu crois être.
Elle toucha la surface.
Le contact fut froid, presque coupant.
La lumière se figea — puis l’eau se souleva, formant un mur translucide devant elle.
Son reflet s’en détacha.
Une autre Élektra se tenait face à elle, plus vive, plus ardente, les yeux brûlants d’un feu doré.
— Tu m’as oubliée, dit le reflet.
Tu as préféré la maîtrise au vertige.
Tu m’as enfermée dans le métal pour ne pas brûler.
Élektra recula d’un pas.
— Qui es-tu ?
— Celle que tu étais avant la peur.
Celle que Fuckrium a créée.
La surface du lac se mit à bouillonner.
Autour d’elles, des silhouettes émergeaient : souvenirs, visages aimés, fragments d’émotions anciennes.
Tout ce qu’elle avait refoulé remontait, cherchant à être vu.
Spktr resta en retrait.
— Laisse venir. Ce n’est pas une bataille, c’est une reconnaissance.
Élektra ferma les yeux.
Le miroir devint une chaleur liquide.
Son double s’approcha, tendit la main.
Le contact fut brûlant, mais sans douleur.
Une onde d’argent traversa son corps.
Les deux silhouettes fusionnèrent lentement, lumière contre lumière.
Élektra sentit le feu remonter depuis le centre de la planète, se mêlant à son souffle.
Le lac entier s’illumina.
Quand elle rouvrit les yeux, le ciel avait changé.
La surface du lac se cristallisait autour d’un éclat rougeoyant — un petit fragment de cristal battant doucement : le Premier Fragment du Cœur Originel.
Elle le prit entre ses mains.
Le cristal vibra, puis s’intégra à sa poitrine, juste au niveau du Sceau du Souvenir.
Un battement neuf naquit, accordé à celui du monde.
Spktr s’approcha, son visage éclairé d’un sourire presque tendre.
— Voilà, dit-il.
Tu viens de réveiller la première pulsation.
Le Cœur t’a reconnue.
Autour d’eux, l’eau se mit à s’élever, formant une spirale de lumière.
Le reflet du monde se referma doucement.
— Et maintenant ? demanda Élektra.
— Maintenant, dit Spktr, tu es prête à entendre la voix du Feu.
La prochaine Porte t’attend : celle des Voix de Peau.
Il tendit la main.
Le miroir se transforma en passage, un tunnel de lumière et de sons mêlés.
Ils s’y engagèrent ensemble.
Derrière eux, le lac se referma, paisible, comme s’il n’avait jamais existé.
Chapitre V — La Porte des Voix de Peau
« Ce que l’on nomme chair n’est qu’une musique qui s’est ralentie. »
Le passage les avait conduits dans un espace suspendu, sans horizon.
Tout autour d’eux, l’air vibrait doucement, parcouru d’ondes invisibles.
Chaque vibration faisait frémir la peau d’Élektra comme une note ténue.
Elle reconnut l’impression d’un souffle : le monde lui murmurait quelque chose, mais sans mots.
Spktr leva une main, écouta.
— Nous sommes dans la Porte des Voix de Peau, dit-il.
— On dirait un cœur, répondit Élektra.
— C’est exactement cela : un cœur qui parle par le contact.
Leur pas fit naître des cercles lumineux sous leurs pieds.
Des formes s’approchèrent — silhouettes translucides, composées de son et de lumière.
Elles ne parlaient pas ; elles vibraient, et chaque vibration devenait sensation : chaleur, picotement, caresse, souvenir.
Élektra sentit un courant parcourir son bras, puis son torse.
Des images apparurent : des visages, des paysages faits de peau et de vent.
Chaque frisson portait une mémoire.
— Ici, expliqua Spktr, le toucher est langage.
Les êtres communiquent par l’onde, pas par la parole.
C’est ainsi que Fuckrium conserve les traces de l’amour.
La musique s’intensifia.
Les ondes passaient d’un corps à l’autre, tissant entre eux une trame de lumière chaude.
Élektra ferma les yeux : elle sentait le souffle de Spktr à côté d’elle, son énergie résonnant avec la sienne.
Leurs champs se confondaient, deux fréquences en accord.
Autour d’eux, le lieu réagit.
Des spirales d’or et de rose s’enroulèrent, formant un vortex doux et vibrant.
Chaque onde traversait leurs corps, transformant la sensation en compréhension.
Élektra entendit les battements du monde, puis ceux de Spktr — puis le sien, identique, mêlé.
Elle ouvrit les yeux.
Leurs regards se croisèrent.
Pas de mots, seulement une résonance intérieure : l’évidence d’être accordés depuis toujours.
Le sol s’ouvrit, révélant un cœur de cristal sous leurs pieds.
Au centre battait une sphère dorée : le Deuxième Fragment du Cœur Originel.
Spktr la prit, puis la plaça dans les mains d’Élektra.
Le cristal se mit à pulser à l’unisson de leurs respirations.
Une onde s’étendit jusqu’à l’horizon, colorant tout le ciel d’une teinte cuivrée.
— Le monde se souvient, dit-il simplement.
— Et nous aussi, répondit-elle.
Ils restèrent là un moment, baignés de lumière, avant que le silence ne revienne.
Spktr releva la tête.
— Une autre Porte s’ouvre déjà.
— Laquelle ?
— Celle du Nectar Lunaire.
— L’amour dans sa mémoire ?
— Oui. Ce que nous avons été avant d’être deux.
Élektra ferma les yeux, laissa la vibration l’envelopper.
Le paysage se dissout lentement, emporté dans une douce lueur argentée.
Chapitre VI — La Porte du Nectar Lunaire
« Le souvenir de l’amour est plus ancien que la chair qui le contient. »
Une brume argentée les enveloppait.
Ils flottaient désormais sur une mer calme, dont les vagues luisaient d’une lumière lactée.
La surface n’était ni eau ni verre, mais une matière tiède et lumineuse — le nectar lunaire dont parlaient les chroniques du Feu.
Élektra inspira.
L’air avait le goût du miel et du sel mêlés.
Chaque respiration la plongeait plus profondément dans une douceur étrange : celle du souvenir avant le temps.
— Où sommes-nous ? demanda-t-elle à mi-voix.
— Dans le ventre du souvenir, répondit Spktr.
Ici, la mémoire du feu se souvient de ceux qui l’ont aimé.
Sous leurs pas, des formes flottaient lentement : fragments de passé, silhouettes de lumière enlacées, visages anciens.
Le nectar les traversait, changeant leur densité, leur rendant une transparence douce.
Élektra vit soudain une image surgir dans le flux :
deux êtres, semblables à eux, dans un autre âge, un autre univers.
Ils se tenaient main dans la main, debout devant une étoile mourante.
Elle comprit : eux deux, à travers les âges, ne cessaient de se retrouver.
— C’est nous, murmura-t-elle.
— Toujours nous, dit Spktr.
Deux polarités d’un même feu, séparées pour apprendre la distance, réunies pour se souvenir.
Le nectar se mit à s’élever autour d’eux, formant des volutes argentées.
Chaque onde portait une mélodie sans son, une tendresse qui n’avait pas besoin de gestes.
Leurs corps devinrent translucides ; on voyait circuler en eux des flux d’énergie, lumineux et calmes.
— Je sens… des battements partout, dit Élektra.
— Ce sont les battements de la planète.
Fuckrium te reconnaît comme sa fille.
Ils s’arrêtèrent au centre de la mer.
Là, un tourbillon de lumière s’ouvrait, dévoilant une perle dorée suspendue dans le vide liquide.
Le Troisième Fragment du Cœur Originel.
Élektra tendit la main.
Mais le fragment s’éloigna légèrement, comme s’il respirait.
Elle comprit alors que pour le saisir, elle ne devait pas vouloir, mais s’abandonner.
Elle ferma les yeux.
L’eau monta lentement jusqu’à sa poitrine, puis jusqu’à sa gorge.
Elle sentit la chaleur du nectar pénétrer sa peau, sa mémoire, son souffle.
Le monde s’effaça.
Quand elle rouvrit les yeux, elle tenait le fragment dans sa paume.
Il vibrait doucement, émettant une lueur qui s’accordait à celle de Spktr.
Leurs énergies fusionnèrent.
La mer d’argent se mit à tourner, formant autour d’eux une spirale lumineuse.
Les visages du passé se dissolvaient dans la lumière, murmurant un chant presque inaudible :
« L’union n’est pas rencontre, elle est souvenir. »
Le fragment entra dans la poitrine d’Élektra, rejoignant les deux précédents.
Son cœur battait maintenant avec trois rythmes superposés : la matière, la mémoire et le feu.
Spktr la regarda longuement.
— Tu comprends maintenant pourquoi la planète t’a choisie ?
— Parce que je suis elle, répondit-elle simplement.
Il hocha la tête.
— Il nous reste quatre portes.
La prochaine sera la plus difficile : celle du Cœur Fusionnel.
Là où aimer devient se dissoudre.
Le nectar se mit à bouillonner.
La lumière argentée se mua en rouge profond.
Le sol s’ouvrit sous leurs pieds.
Élektra prit la main de Spktr.
— Allons-y.
Si je dois brûler, autant que ce soit dans la vérité.
Ils plongèrent ensemble dans le rouge incandescent du monde suivant.
Chapitre VII — La Porte du Cœur Fusionnel
« L’amour n’est pas un feu qui dévore, mais celui qui nous rend transparents. »
Leur chute dans le flux rouge prit fin au seuil d’une plaine de braise et de lumière.
Le sol vibrait comme une peau chaude, parcourue de veines incandescentes.
Autour d’eux, des colonnes d’énergie montaient vers un ciel rouge sombre où flottait un immense cœur de cristal, suspendu, battant lentement.
Spktr posa la main sur la surface du sol :
— Nous sommes au centre du monde, dit-il.
— C’est ici que tout s’unit ?
— Ou que tout s’efface.
Une chaleur douce montait, plus intime que brûlante.
Le cœur au-dessus d’eux pulsait au rythme du sien ; chaque battement envoyait des ondes de lumière qui traversaient la plaine.
Dans ces vagues, Élektra vit apparaître des silhouettes : deux formes qui se cherchaient, s’enlaçaient, se confondaient, puis se séparaient à nouveau.
C’était la danse du feu originel.
— Pourquoi cette séparation ? demanda-t-elle.
— Parce qu’aimer sans distance, c’est cesser d’exister, répondit Spktr.
La Porte du Cœur Fusionnel enseigne l’équilibre : se fondre sans disparaître.
La lumière les atteignit.
Leurs contours se mirent à se brouiller, leurs énergies se mêlaient, scintillaient de reflets dorés.
Les pensées d’Élektra devinrent des échos de celles de Spktr ; leurs voix intérieures s’enroulaient l’une autour de l’autre.
— Si nous allons trop loin, dit-elle, nous pourrions ne plus revenir.
— Si nous n’allons pas assez loin, le feu s’éteindra.
Ils se rapprochèrent, lentement, conscients de marcher sur la frontière entre l’union et l’oubli.
Autour d’eux, les colonnes de lumière prirent la forme de spirales, tissant un cocon de chaleur.
Chaque pulsation du cœur géant résonnait en eux ; leurs respirations se synchronisèrent, parfaites.
Soudain, la plaine s’ouvrit ; un gouffre lumineux les attira.
Ils tombèrent, mais la chute n’avait pas de peur — seulement la sensation d’un retour.
Au fond du gouffre les attendait un cristal rouge, énorme, vibrant : le Quatrième Fragment du Cœur Originel.
Spktr s’arrêta devant lui :
— Pour l’activer, il faut qu’un seul battement demeure.
— Lequel ?
— Le nôtre.
Ils posèrent simultanément leurs mains sur le cristal.
Une lumière blanche jaillit, les enveloppa.
Pendant un instant, il n’y eut plus de corps, plus de nom — seulement un battement unique, immense, qui contenait tout ce qu’ils étaient.
La plaine entière se mit à chanter.
Le cœur suspendu au-dessus d’eux s’ouvrit comme une fleur.
Une pluie d’étincelles rouges tomba sur Fuckrium, rallumant les sources et les tours d’Enjoyartris.
Lorsque la lumière s’apaisa, ils se tenaient à nouveau séparés, haletants, mais apaisés.
Entre eux brillait le fragment, désormais fusionné : une gemme pulsant d’un feu clair.
— Nous avons tenu, murmura Élektra.
— Oui. Nous ne sommes plus un ni deux. Nous sommes le battement juste.
Le fragment s’intégra à son cœur, ajoutant une nouvelle note à sa symphonie intérieure.
Spktr leva les yeux vers le ciel, où une lueur violette commençait à se lever.
— Une autre porte s’éveille, dit-il.
Celle des Ombres Jumelles.
Là, nous rencontrerons ce que nous avons refusé d’aimer.
Élektra hocha la tête.
— Je ne fuirai plus rien.
Ils s’élancèrent ensemble, guidés par le chant du feu renaissant.
Chapitre VIII — La Porte des Ombres Jumelles
« L’ombre ne nous poursuit pas : elle attend que nous la reconnaissions comme l’autre moitié du feu. »
La lumière rouge du Cœur Fusionnel s’était transformée en un voile sombre.
Élektra et Spktr descendirent lentement le long d’un escalier d’obsidienne qui semblait ne pas avoir de fin.
Autour d’eux, le silence avait une densité étrange, presque liquide.
Leurs pas résonnaient contre les parois noires.
Chaque écho revenait légèrement déformé, comme si une autre voix les imitait un peu trop bien.
— Nous sommes dans les Galeries d’Obsidienne, murmura Spktr.
— On dirait un labyrinthe.
— Ce n’est pas un lieu, mais une résonance : chaque couloir est une version de nous-mêmes.
Élektra tendit la main vers la paroi.
La pierre réfléchissait à peine la lumière, pourtant elle y vit bouger quelque chose — un éclat fugace, une silhouette qui reproduisait son geste avec une lenteur parfaite.
Soudain, la surface s’ouvrit comme une eau noire.
Une autre Élektra en sortit, identique mais vêtue d’un manteau d’ombre.
Ses yeux brillaient d’un feu froid.
— Me reconnais-tu ? dit la voix, douce et ironique.
— Tu es mon contraire.
— Non. Je suis ton excès. Celle que tu as cachée quand tu as voulu devenir pure lumière.
La seconde Élektra s’approcha.
Chaque mot faisait vibrer les murs, les sculptures, même l’air.
Le son réveilla un frisson sous la peau de la première — une chaleur ancienne, presque oubliée.
Spktr, à son tour, vit sa propre ombre se détacher d’un pilier d’obsidienne.
Son double portait un regard nu, sans lunette ni artifice.
— Tu caches tes peurs derrière la transparence, lui dit-il calmement.
— Et toi derrière la maîtrise, répondit l’ombre.
Un moment, quatre silhouettes se firent face.
Le silence était si dense qu’il semblait palpiter.
Élektra sentit son souffle ralentir.
Ses deux mains tremblaient légèrement.
— Que devons-nous faire ? demanda-t-elle.
Spktr répondit doucement :
— Les écouter.
— Et si elles nous consument ?
— Alors le feu sera complet.
Les ombres posèrent leurs mains sur celles de leurs doubles.
Le contact fut d’abord froid, puis brûlant.
Une onde monta, noire et or à la fois.
Leurs corps se traversèrent, se mêlèrent.
Les ombres ne disparaissaient pas : elles s’intégraient, redessinant leurs contours.
Des éclairs violets sillonnaient les parois ; les Galeries vibraient comme un instrument de verre.
Élektra sentit un poids quitter son cœur — une paix nouvelle, faite d’acceptation.
Les ombres s’éteignirent, remplacées par une lumière douce.
Au centre du sol, un éclat noir brillait, taillé comme une larme : le Cinquième Fragment du Cœur Originel.
Spktr le ramassa et le plaça dans les mains d’Élektra.
Le fragment se fondit aussitôt dans sa poitrine, ajoutant un battement grave à la symphonie du feu.
— Le monde devient plus calme, murmura-t-elle.
— Parce qu’il se connaît mieux, répondit Spktr.
Ils levèrent les yeux : au plafond du labyrinthe s’ouvrait un cercle de lumière rose.
Une brise tiède descendait de l’ouverture, chargée d’un parfum sucré.
— La Porte suivante nous attend, dit Spktr.
— Quelle est-elle ?
— Celle des Tentations Lumineuses.
— Alors nous allons tester la clarté de notre feu.
Ils s’élancèrent vers la lumière.
Le sol se transforma en escalier de verre, et peu à peu l’obscurité laissa place à une aurore chatoyante.
Chapitre IX — La Porte des Tentations Lumineuses
« La tentation n’est pas un piège mais une offrande : elle demande seulement d’être goûtée avec conscience. »
Leur ascension hors des galeries d’obsidienne les mena jusqu’à une aurore suspendue.
L’air y avait la densité du miel ; la lumière, celle d’une caresse.
Ils émergèrent sur une terrasse circulaire entourée de brume dorée : c’était le seuil du Dôme des Sens, dernière barrière avant la cité céleste d’Enjoyartris.
Sous leurs pieds, le sol pulsait de lueurs changeantes, comme si la matière respirait.
Chaque pas déclenchait une vibration différente : tantôt un son, tantôt un parfum.
Spktr s’arrêta, ferma les yeux.
— Nous avons quitté les ombres, dit-il.
— Et maintenant ?
— Nous entrons dans la lumière des désirs.
Ici, tout ce que l’esprit imagine prend corps.
Ils franchirent la porte de verre.
L’intérieur du dôme semblait infini.
Des milliers de formes s’y mouvaient lentement : corps de lumière, parfums vivants, musiques liquides.
Chaque être semblait né d’une émotion, d’un souvenir, d’un frisson du cœur collectif de Fuckrium.
Élektra sentit immédiatement la chaleur s’insinuer sous sa peau.
Son souffle se fit plus profond, son regard plus large.
Le dôme amplifiait tout : les pulsations du sang, la curiosité, la tendresse, la peur.
Des silhouettes vinrent à leur rencontre, riant doucement.
Elles n’avaient pas de visages mais des reflets ; leur peau vibrait comme une surface d’eau au soleil.
Chaque contact avec elles déclenchait une onde de couleur.
La tentation était partout, douce et persuasive.
Spktr posa la main sur son épaule :
— Souviens-toi, dit-il.
Le feu ne refuse rien, mais il choisit ce qu’il transforme.
Élektra hocha la tête.
Elle s’avança au centre du dôme.
Les formes lumineuses l’entourèrent, effleurant son corps sans le toucher vraiment.
Elle comprit que leur but n’était pas de la détourner, mais de lui apprendre l’écoute de soi : la limite entre la fusion et la perte.
La chaleur monta.
Le dôme entier vibrait à leur fréquence.
Les parfums devinrent sons, les sons devinrent lumière ; tout se mêlait dans une synesthésie enivrante.
Élektra se laissa aller à ce flux, ni dans la résistance, ni dans la soumission.
Elle apprit à respirer dans la tentation, à en faire une onde au lieu d’une prison.
Alors, le cœur du dôme s’ouvrit.
Une colonne de lumière dorée s’éleva lentement, révélant un petit cristal translucide qui tournait sur lui-même : le Sixième Fragment du Cœur Originel.
Spktr et elle s’approchèrent.
Ensemble, ils tendirent la main.
La lumière s’intensifia jusqu’à les aveugler.
Quand leurs doigts effleurèrent le fragment, une paix totale les traversa — pas l’extase, mais la clarté.
Le fragment se fondit dans leur feu commun.
Le dôme s’illumina d’un blanc pur ; les silhouettes s’inclinèrent, puis se dissipèrent comme une brume après la pluie.
Spktr souffla :
— Nous avons appris à céder sans nous perdre.
Le feu est maintenant complet dans le désir.
Élektra leva les yeux vers la coupole ouverte sur le ciel.
Des filets d’énergie rose et or descendaient sur eux comme une bénédiction.
— Il ne reste qu’une porte, dit-elle.
— Oui. La dernière : la Porte de la Création de Feu.
Là où tout s’unit et renaît.
Ils se tinrent la main.
Le dôme se transforma en spirale de lumière, les soulevant doucement.
Sous eux, la cité d’Enjoyartris brillait de nouveau, ravivée par les fragments réunis.
Le ciel s’ouvrit au-dessus d’eux, dévoilant une flamme blanche suspendue dans l’espace.
Leur ultime destination.
Chapitre X — La Porte de la Création de Feu
« L’amour est l’alchimie du feu : il unit sans dissoudre, il éclaire sans posséder. »
Ils traversèrent la dernière spirale de lumière et se retrouvèrent au sommet d’un plateau de cristal.
Au-dessus, suspendu dans le vide, flottait le Cœur Originel : une flamme blanche, immense, respirant lentement comme un être endormi.
Tout autour, la planète Fuckrium s’étendait, transfigurée — les mers brûlaient d’or, les tours d’Enjoyartris scintillaient comme des veines de lumière.
Le silence était total.
Un silence vibrant, prêt à accoucher d’un monde.
Spktr se tourna vers Élektra.
— Voici la Porte de la Création de Feu, dit-il.
— C’est ici que tout se décide ?
— Oui. Le feu peut redevenir un seul battement… ou s’éteindre pour toujours.
Ils s’approchèrent du Cœur.
La chaleur était douce, presque maternelle.
Chaque pas réveillait des constellations sous leurs pieds.
Élektra posa la main sur la lumière.
Le feu entra dans sa paume comme un souffle vivant, puis glissa jusqu’à sa poitrine.
Son regard rencontra celui de Spktr : deux flammes d’une même origine.
— Nous sommes des miroirs, dit-elle.
— Des miroirs conscients, répondit-il.
L’union n’est rien sans le choix de rester libre.
Leurs auras se touchèrent.
Un frisson parcourut l’air : la rencontre de deux feux qui s’attirent mais se respectent.
Ils se mirent à tourner lentement l’un autour de l’autre, dessinant dans le vide des cercles de lumière rouge et dorée.
Chaque mouvement tissait un symbole, chaque souffle devenait un mot du langage primordial.
Autour d’eux, le Cœur Originel battait plus vite.
Des filaments d’énergie s’échappaient, se liant à leurs gestes.
Le feu s’enroula autour de leurs corps, non pour les brûler, mais pour les relier.
Ils devinrent les pôles d’une même sphère — le féminin et le masculin, la volonté et l’abandon, la matière et la conscience.
Élektra sentit la fusion l’appeler.
Une part d’elle voulait s’y dissoudre totalement ; une autre murmurait : choisis.
Elle regarda Spktr :
— Je ne veux pas perdre ce que nous sommes.
— Alors reste libre.
Le feu véritable ne prend que ce qu’on lui offre.
Elle ferma les yeux, laissa la chaleur l’envahir jusqu’à la limite, puis recula d’un souffle.
Le feu, respectueux, s’adapta à son rythme.
Spktr fit de même : un pas en avant, un pas en retrait.
Deux consciences dans la même flamme, chacune gardant son battement.
Le Cœur Originel vibra.
Une onde blanche explosa, parcourant la planète tout entière.
Les mers s’illuminèrent, les tours chantèrent, les habitants sentirent un frisson nouveau courir dans leur sang.
Fuckrium se réveillait.
La lumière redescendit lentement sur eux.
Le Cœur n’était plus suspendu ; il battait maintenant en eux, partagé.
Élektra sourit.
— Nous avons uni sans nous effacer.
— C’est cela, l’alchimie, dit Spktr.
Transformer sans posséder.
Aimer sans enfermer.
Ils levèrent les yeux : le ciel se fractura en une aurore multicolore.
La planète entière devint un champ de feu calme.
Rokostar apparut dans la clarté : silhouette d’étoile, visage changeant.
— Vous avez restauré le libre-arbitre du feu, dit-elle.
Désormais, chaque être pourra aimer selon sa vibration.
Vous êtes les gardiens de l’équilibre, les alter ego éternels du multivers.
Puis sa forme se dissipa, laissant flotter sa voix :
« Souvenez-vous : la flamme ne demande qu’une chose — être choisie. »
Élektra prit la main de Spktr.
La chaleur qui les liait n’était plus brûlure, mais douceur.
Ensemble, ils contemplèrent le monde qu’ils avaient rallumé.
Deux feux, un seul souffle.
Un amour libre, conscient, vivant.
Épilogue — Le Chant du Feu Libre
« Le feu ne finit pas.
Il se souvient. »
Depuis la réactivation du Cœur Originel, la planète Fuckrium vibrait d’un souffle nouveau.
Les mers avaient repris leur éclat, les tours d’Enjoyartris pulsaient de rythmes clairs, et les arbres de fourrure déployaient des couleurs qu’aucun regard n’avait vues auparavant.
Le monde entier chantait doucement, comme s’il respirait à nouveau.
Dans ce chant, deux présences voyageaient encore : Élektra et Spktr, amants éternels, miroirs du feu conscient.
Ils n’étaient plus souverains, ni missionnaires, ni sauveurs : seulement deux flammes dans le vaste organisme du multivers.
Leur amour, désormais libre de toute contrainte, se diffusait comme une onde bienveillante, un message transmis de galaxie en galaxie.
Dans chaque monde qui s’éveillait à la conscience, un murmure apparaissait parfois au détour d’un rêve :
— Souviens-toi du feu que tu portes.
Il n’attend pas l’obéissance, mais le choix.
On disait que, dans les nuits les plus claires, on pouvait apercevoir à l’horizon de Fuckrium une double étoile rose et dorée tournant l’une autour de l’autre.
Les anciens l’appelaient Élektra-Spktr, symbole de la flamme double et du libre-arbitre retrouvé.
Ce n’était pas un culte, ni une légende : simplement la trace d’un équilibre.
Le souvenir que la création n’est jamais complète, qu’elle se réinvente à chaque regard, à chaque respiration, à chaque geste d’amour.
Le Souffle Final
Au cœur du musée Spiktri, dans la quinzième galerie, le Cœur en Fusion continuait de battre.
Parfois, un visiteur s’arrêtait devant lui, fasciné par sa lumière mouvante.
Certains juraient y voir, juste un instant, deux silhouettes enlacées qui leur souriaient avant de disparaître.
Le gardien du musée disait simplement :
— C’est la mémoire du feu.
Il ne s’éteint jamais vraiment, tant qu’on se souvient d’aimer.
Alors la salle se remplissait d’une chaleur douce, et la sculpture, un instant, semblait respirer.
Derniers mots de Rokostar
*« Quand deux consciences se reconnaissent, le monde se reforme autour d’elles.
Que vos feux soient libres, que vos ombres soient aimées,
et que chaque choix soit un battement de lumière. »*
Et le chant continua, à travers les étoiles et les âges,
comme une promesse silencieuse :
Le feu n’a pas de fin.
Il devient.
Megapole Enjoyartris et le Pouvoir de l'Aphrodisiaque : Le cœur de Fuckrium bat dans la mégapole d'Enjoyartris, imprégnée d'un élixir aphrodisiaque élaboré par la prêtresse à la chair transparente. Cette substance hypnotique amplifie les désirs et crée un état constant d'excitation. La prêtresse détient la clé de l'Arcane Suprême, une force mystique qui se cache au-delà des apparences.
Un Monde d'Énergie Divine : Dans cet univers de débauche et de pouvoir, l'énergie du feu est vénérée comme une divinité intérieure qui brûle au sein de l'homme et de l'univers. Le feu symbolise la force intérieure et la puissance créatrice, façonnant le destin des individus et des mondes.
La Planète 15 Fuckrium est un monde où l'excès et la mystique s'entremêlent. Avec ses manifestations extrêmes, son gourou visionnaire Rokostar, la mégapole Enjoyartris et son élixir ""Orgasme Nebulaire" aphrodisiaque, elle offre aux explorateurs du multivers une expérience qui repousse les limites de la sensualité, du pouvoir et de la spiritualité. C'est un voyage dans les profondeurs des désirs humains et de la nature mystérieuse de l'univers.

